Michael Sheen, c’est le prototype de l’acteur découvert au cinéma sur le tard. Abonné aux seconds rôles dès le milieu des années 90, et ses apparitions dans Mary Reilly de Stephen Frears, ou autre Othello d’Oliver Parker, il lui faudra attendre 10 ans et autant de films environ pour que sa notoriété explose. Nous sommes en 2006, et The Queen, du même Frears, fait un triomphe surprise mais mérité au box-office, révélant au passage le comédien qui y interprète un Tony Blair plus vrai que nature. Dans la foulée, le grand écran se met à courtiser cet acteur, gallois comme Burton et Hopkins, et qui avait fait jusque-là l’essentiel de son parcours sur les planches. A bientôt 40 ans, Sheen se multiplie des 2 côtés de l’Atlantique, lui que l’on voit camper avec un même bonheur David Frost dans Frost/Nixon ou Brian Clough dans The Damned United, voire encore prêter sa voix au lapin blanc de Alice in Wonderland avant d’être un mémorable tenancier de night-club dans Tron: Legacy. Jusqu’à se retrouver aujourd’hui devant la caméra de Woody Allen, le temps de Midnight in Paris.

Pas mal pour un acteur qui ne rêvait nullement de cinéma, comme il se plaît à le raconter alors qu’on le rencontre à Cannes. « J’adorais voir des films lorsque je suivais les cours d’art dramatique, mais jamais l’idée, ni même le désir de m’y retrouver ne m’aurait traversé l’esprit. Le théâtre était tout ce qui m’importait. L’idée même de jouer dans un film de Woody Allen me semble être un concept bizarre. «  Cela tombe bien pourtant, puisque le réalisateur lui a réservé un emploi particulièrement savoureux, celui d’un intellectuel pédant fort occupé à étaler son savoir. « C’est un type de personnage récurrent chez Woody Allen, avec des variantes découlant des besoins de l’histoire -un peu comme dans la commedia dell’arte. Pour un acteur, il est toujours agréable d’interpréter un individu qui peut faire ce que nous avons tendance à réprimer. Ce qui m’intéresse, ce sont des personnages qui présentent une certaine ambiguïté. Une telle arrogance dissimule souvent une profonde insécurité. »

S’agissant de Midnight In Paris, le film met aussi en scène une vision fantasmée et romantique du Paris des années 20: « Si l’on parle si souvent d’Age d’or, c’est à l’aune de la complexité du présent, alors que l’on peut être sélectif sur le passé. Mais vivre dans le passé présente toujours un danger, c’est une attitude de déni par rapport à un présent douloureux. Le défi qui s’offre à nous est d’embrasser le présent dans toute sa confusion, son chaos et ses opportunités.  » Du reste, son présent, Michael Sheen l’apprécie à sa juste valeur: « J’espère ne jamais perdre le plaisir ni l’excitation. J’ai travaillé dur pour apporter autant de variété que possible à ma carrière, être capable d’évoluer aussi bien au théâtre qu’à la télévision ou au cinéma, et jouer différents types de personnages. C’est ce qui préserve le plaisir. Si on a l’opportunité de faire quelque chose que l’on aime, on a aussi la responsabilité de continuer à l’aimer, et de créer les circonstances pour cela.  »

J.F. PL.

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