L’acteur prête sa voix au partenaire de Barbie, composant un savoureux personnage d’homme-objet, collectionneur de panoplies variées.

Michael Keaton, le Batman de Tim Burton, interprétant Ken, l’amoureux transi de Barbie? Sans doute fallait-il l’esprit facétieux des créateurs de Toy Story 3 pour y penser. Mais voilà, il y avait eu le précédent Cars, où l’acteur prêtait sa voix à Chick Hicks, et une expérience à l’évidence concluante. Si bien que, de fil en aiguille, l’idée a fini par s’imposer aussi sûrement que les paillettes sur les tenues dont il est affublé dans le film. « Quand les gens de Pixar m’ont appelé pour me proposer un rôle, je me suis dit « formidable! », raconte l’acteur. Et quand ils ont ajouté qu’il s’agissait de Ken, le téléphone m’est littéralement tombé des mains. La perspective était tellement drôle. »

Keaton compose, en effet, un Ken on ne peut plus savoureux, homme-objet superficiel tentant d’exister dans l’ombre de son envahissante partenaire. « Comme pour n’importe quel rôle, on travaille une voix en commençant par se poser des questions basiques sur le personnage, poursuit-il. Cela peut paraître idiot puisqu’il s’agit d’une poupée, mais c’est indispensable à mes yeux, et cela donne l’avantage de faire exister le personnage. Dans le cas de Ken, il s’agit d’un type qui est amoureux d’une jeune femme iconique… », la suite coulant pour ainsi dire de source. Hilarante, la prestation vocale de Michael Keaton a le mérite de rappeler à notre bon souvenir un acteur dont le parcours s’est fait quelque peu erratique. Elle est loin, en effet, l’époque où Quentin Tarantino et Steven Soderbergh faisaient appel à lui, respectivement pour Jackie Brown, et Out of Sight. Et ne parlons même pas du temps où il régnait sur Gotham City. A cette discrétion relative, l’acteur avance plusieurs explications. « N’y voyez pas de l’arrogance, mais je m’ennuie facilement, c’est là mon problème. J’avais le sentiment de me répéter, et ce qui m’avait procuré du plaisir auparavant ne m’amusait plus. Peut-être me suis-je également montré un peu trop sélectif dans mes choix. Enfin, j’ai voulu consacrer du temps à l’éducation de mon fils, refusant de m’éloigner pour tourner. Il y a là un faisceau d’éléments, dont on pourrait disserter pendant longtemps. »

Non, pour autant, que Keaton se soit pris les pieds dans les plis de la cape de Batman: « Je travaille à divers niveaux. Je fais ce qui me semble approprié, ce qui s’avère parfois judicieux, parfois pas. » A l’animation, qu’il a découverte sur le tard, l’acteur a ainsi ajouté, tout récemment, la mise en scène. The Merry Gentleman (lire notre critique DVD page 37), son premier long métrage, est un polar atmosphérique tout à fait estimable et une expérience qui devrait en appeler d’autres. « C’était formidable, et j’ai bien l’intention de m’y remettre. J’ai d’ailleurs 2 projets sur le feu », conclut Keaton, avant de tirer sa révérence sur ce qui est désormais sa ligne de conduite: « Mieux vaut avoir une vie immense et une bonne carrière, qu’une carrière immense et une vie correcte… » l

J.F. PL.

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