Mémoire et lumière

© EIKOH HOSOE, MAN AND WOMAN #20, 1960 - © EIKOH HOSOE. COLLECTION MEP, PARIS. DON DE LA SOCIÉTÉ DAI NIPPON PRINTING CO., LTD.

PHOTO. Maison Européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy, à Paris. Jusqu’au 27/08.

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Sous-titrée Photographie japonaise, 1950-2000, Mémoire et lumière lève le voile sur une évidence: même moins exposée, même moins présente dans les collections internationales, même moins adulée que la scène américaine, la photographie nipponne occupe une place essentielle sur l’échiquier artistique contemporain. Il est temps de se le dire. Bien sûr, il y a un « avant » particulier qui préside à cette « manière de voir », il est dramatique, c’est la double tragédie nucléaire et l’occupation américaine qui s’en est suivie. Ce socle est probablement essentiel à la compréhension des images qui sont données à contempler. Au total, l’accrochage fait place aux travaux de 21 photographes dont certains sont devenus des légendes. On pense à Hiroshi Sugimoto, Daido Moriyama, Eikoh Hosoe, Shoji Ueda, Ihei Kimura et, bien sûr, Nobuyoshi Araki. Réunies pour la Maison Européenne de la Photographie par la société japonaise d’impression Dai Nippon Printing Co., Ltd, les oeuvres en question envoûtent le regard. C’est tout particulièrement vrai des clichés anxiogènes d’Eikoh Hosoe qui, à nos yeux, condensent cette théâtralisation graphique propre au Japon. Né en 1933 à Yonezawa, Hosoe s’est fait connaître en Occident à travers sa collaboration avec l’écrivain Yukio Mishima. On se souvient des ouvrages Barakei (1963) et Barakei Shinshuban, une réédition de 1970, qui révélaient le littérateur suicidé de manière sulfureuse. Sulfureuse? L’adjectif a été souvent dégainé pour qualifier les prises de vue en question, on fera donc l’effort de préciser: Hosoe a immortalisé Mishima à l’endroit précis où le sexe rejoint la mort, où la souffrance croise la joie, où l’impudeur titille le sacré. La bonne nouvelle, c’est que Mémoire et lumière lève le voile sur une autre série, moins connue sous nos latitudes, à savoir Man and Woman. Plus ancienne (elle date de 1961), cette suite d’images est celle qui a fait connaître Hosoe. Fascinante à proprement parler et nourrie au buto, elle transcende les codes de l’érotisme et livre les lignes de force d’une approche du corps propre au Japon.

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M.V.

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