Mazouni

« Un dandy en exil (Algérie-France 1969-1983) »

Arrivé à Paris en 1969, à une époque où la chanson populaire algérienne est surveillée et censurée par le régime de Houari Boumédiène, le crooner Mohamed Mazouni devient vite l’une des voix de l’immigration. En arabe classique ou dialectal, en français et en kabyle, Mazouni chante pour ceux qui comme lui connaissent l’exil. Il raconte le goût pour l’alcool d’hommes éreintés par le boulot et les pénibles conditions de vie. Évoque le racisme et les femmes. Parfois les deux en même temps… « C’est combien la passe? Je ne monte pas avec toi. Parce que tu es un Arabe! Regardez-moi cette salope. Raciste même quand il s’agit d’amour tarifé… » (L’Amour Mâak). Plus souvent, Mazouni chante les peines de coeur et la déprime des amours brisées. « Je n’aime pas le jour. Je n’aime pas le soir. Je bouche mes oreilles lorsque les oiseaux chantent. »

Repris par Rachid Taha, l’Orchestre national de Barbès ou encore Mouss et Hakim du groupe Zebda, cet illustre représentant de la culture maghrébine en France mêle à l’époque les musiques algériennes au rock et au yéyé. Derrière son look de beau gosse et ses allures de dandy, l’impertinent allie un humour mordant à un omniprésent commentaire social. Il raconte le quotidien loin de la famille. « Les femmes et l’alcool ont ravagé mon être. Toutes les nuits je bois. À croire que je suis devenu un tonneau. Pourtant la France m’apparaissait comme un paradis. » Parle des difficultés de trouver du boulot. « Le chômage fait rage, trop de sans emploi. Pour l’Arabe, c’est toujours non. Pas d’embauche, c’est trop tard. Le directeur n’est jamais là pour toi quand tu ne t’appelles pas Bernard. » ( Clichy) La compilation du label Born Bad se focalise sur les années françaises d’un chanteur retourné vivre à Blida là où il est né. Passionnant.

Distribué par Born Bad.

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