Mauvaise herbe – Tome 1

Tokyo nocturne. Les néons brûlent. Dans un bordel clandestin, l’adolescente Shiori attend les coups de rein de son prochain client. L’air négligé et le regard hostile, cette chatte errante cherche moins l’argent facile qu’un abri pour la nuit, elle qui fuit la haine et les poings de sa mère indigne. Mais une descente de police délogera Shiori de sa cabine miteuse et la mettra sur le chemin du bienveillant lieutenant Yamada, qui voit en elle ce qu’aurait pu devenir sa défunte petite-fille. Si Keigo Shinzô, jeune trentenaire qui s’abreuve autant dans le manga alternatif -il adule Taiyô Matsumoto, l’auteur d’ Amer Béton- que dans le cinéma du Nouvel Hollywood, laissait déjà entrevoir un talent d’observation sociétale dans ses précédentes oeuvres, son terrain de jeu restait avant tout l’ironie douce-amère. Cette fois, il plonge dans la fange pour proposer un regard affûté, documenté, sur les marges de la vie urbaine, mais qui évite de tomber dans une sordidité impudique, préférant suggérer que montrer. Au-delà d’aborder des sujets rares, le plus bel éclat de Mauvaise herbe réside dans sa peinture poignante, sous un trait aux hachures viscérales, de deux coeurs trop anesthésiés pour saigner et qui, peut-être, ensemble, retrouveront un peu de chaleur humaine. Une raison de voir se lever le jour.

Mauvaise herbe - Tome 1

De Keigo Shinzô, éditions Le Lézard noir, 208 pages.

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