Matt Berninger

« Serpentine Prison »

Le portrait de Matt en pochette fait forcément penser à une oeuvre de Lucian Freud (1922-2011) -petit-fils de Sigmund-, peintre figuratif britannique devenu l’un des plus célèbres artistes du XXe siècle. Si l’image montre Berninger seul, assis sur une chaise, on sent bien que la pièce aux alentours n’est pas peuplée que de courants d’air. Pour son premier album solo -hors le side project EL VY-, le chanteur de The National invite dans ses morceaux les sentiments à la première personne. Se baladent donc les fissures, doutes et échecs amoureux, et ce, dès la plage d’ouverture My Eyes Are T-Shirts.  » The last time/We were together/Lately it feels like forever/And the way we talked last night/It felt like a different kind of fight », précise t-il dans le superbe One More Second. L’un des moments où l’utilisation de l’orgue incarne au mieux la signature musicale du producteur de l’affaire, Booker T. Jones. Oui, la légende des soulmen américains. Celui-ci engage les dix titres dans une voie atmosphérique, cuivrée, imprégnée d’humidité rhythm and blues, hors de la frénésie crescendo volontiers pratiquée par The National. Pour un disque de résistance à la noyade des sentiments et donc à celle du temps, infatigable marathonien, au final, toujours gagnant. Le tout emmené par l’exemplaire voix de baryton de Berninger et d’un sacré abri émotionnel perso. Du genre à grandir à chaque audition d’un disque qui met d’abord en avant les blessures qui nous rassemblent. All for Nothing comme il le chante.

Matt Berninger

Distribué par Caroline International.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content