Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DOCUMENTAIRE DE MARTIN SCORSESE ET MICHAEL HENRY WILSON.

8

« Quand j’étais gosse, dans les années 40 et 50, je passais pratiquement tout mon temps dans les salles. J’étais un obsédé de cinéma. A l’époque, il n’y avait guère d’ouvrages consacrés au 7e art à l’exception d’un livre que je n’avais pas les moyens de me payer. Alors, j’allais l’emprunter sans arrêt à la bibliothèque municipale de New York. »

Assis, en costard cravate, dans une chaise d’apparence pas très confortable, Martin Scorsese avoue en avoir arraché quelques pages. Longue et intime promenade de pratiquement quatre heures au pays de John Ford, John Wayne, Samuel Fuller, Nicholas Ray et autre Coppola, Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (1995), c’est un peu l’histoire du 7e art racontée avec des extraits de films et des photos par Tonton Marty. Le réalisateur de Mean Streets, de New York, New York, de Taxi Driver et des Affranchis (tous diffusés sur Arte lors de ce cycle accompagnant l’expo qui lui est consacrée à la Cinémathèque française jusqu’au 14 février) y revient sur les films américains qui l’ont ébranlé et ont influencé son oeuvre depuis le début du siècle jusqu’en 1969, année de son premier long métrage: Who’s That Knocking at My Door. Ceux qui ont alimenté ses rêves, changé sa façon de sentir et parfois bouleversé sa vie…

Du western aux films de gangsters en passant par les comédies musicales, les péplums, la science-fiction, les films noirs… Scorsese brosse une histoire passionnée du cinéma. Celle d’un gamin très tôt envoûté qui en a fait son métier, en connaît les codes et les travers. S’ouvrant avec Les Ensorcelés de Minnelli, « l’un des meilleurs films sur la création à Hollywood »,Un voyage avec Martin Scorsese… évoque sa passion et sa vocation qui naissent dans les années 50. Mais questionne également les dilemmes du réalisateur, les sacrifices à consentir, les impératifs commerciaux à remplir et les règles à respecter pour survivre. Gregory Peck, Billy Wilder, Arthur Penn, Clint Eastwood mais aussi, à travers des images d’archives, Capra, Kazan, Welles, Cassavetes passent étayer de leurs lumières le propos d’une narration intelligente et bien charpentée.

Si dans le même ordre d’idée et état d’esprit, Scorsese avait en 1999 ausculté à sa façon le 7e art italien, Bertrand Tavernier s’est mis à plancher fin 2014 sur un documentaire fleuve qui explorera le cinéma en France de 1930 à 1970. Sortie prévue en 2016.

JULIEN BROQUET

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content