Marlon Brando. Les stars durent dix ans

Généralement considéré comme le meilleur acteur du cinéma, Marlon Brando n’a pas fini, quinze ans après sa mort, de fasciner. On ne s’étonnera donc guère de voir un ouvrage consacré au comédien ouvrir la collection « Stories » lancée aujourd’hui par les éditions Capricci. Soit, ne se voulant ni biographies exhaustives, ni hagiographies, des récits enlevés courant sur une centaine de pages et revisitant le parcours de stars (des volumes consacrés à Joan Crawford, Mel Gibson ou Bruce Lee sont annoncés) sous un prisme singulier. Un exercice auquel se prête idéalement la carrière de Brando, à l’envol fulgurant devant succéder « une chute tragique et digne d’un drame shakespearien, un revers du destin sans commune mesure dans l’Histoire du cinéma ». Constat qui, sous la plume d’Arthur Cerf, journaliste à Sofilm, vaut au lecteur un essai vivant et passionnant, portrait subjectif de la star oscillant entre lumière et ombre, toujours plus écrasante; entre coups d’éclat -sa prise de rôle dans A Streetcar Named Desire, électrisant Broadway et dynamitant le jeu d’acteur; sa capacité, des années plus tard, à renaître de ses cendres pour Apocalypse Now, par quelque prodige dont lui seul avait le secret- et épisodes plus ou moins révélateurs. Ainsi, d’un long entretien réalisé par Truman Capote pour le New Yorker pendant le tournage de Sayonara, en 1957, qui brouillera l’image de Brando et nourrira son ressentiment. Ou de son engagement en faveur des droits civiques et pour la cause des Native Americans, qu’illustra son refus de venir chercher l’Oscar obtenu pour The Godfather, l’acteur se faisant remplacer par une jeune Indienne pour la circonstance. Manière aussi de souligner d’éloquente manière son rapport ambivalent -euphémisme- à son métier et à l’industrie du cinéma, pas la moins intéressante des facettes explorées ici…

D’Arthur Cerf, éditions Capricci, 144 pages.

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