Mario card

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Mario Batkovic invite Colin Stetson, James Holden et un choeur berlinois sur un deuxième album qui repousse les limites de l’accordéon.

Depuis qu’il s’est fait un nom dans l’industrie du disque et le monde de la musique, imposant sur tous les terrains un univers aussi exigeant qu’époustouflant, Mario Batkovic a plus souvent qu’à son tour été comparé au saxophoniste Colin Stetson. C’est que le Bosnien de Suisse en est un peu la version accordéon: un type qui réinvente son instrument, en repousse les limites et en profite pour se créer un son et un monde inimitables. Le magicien helvète n’a peur de rien. Pas même des étiquettes réductrices et des amalgames. Ainsi, sur Quis est quis, pierre angulaire et plat de résistance de son deuxième album, a-t-il invité son ami américain. Quis est quis. Un voyage. Un trip. Pas une croisière. Une expédition. Plutôt du genre spatiale. Un peu plus de 10 minutes, décollage et atterrissage compris.

Mario card

Super Mario est ouvert d’esprit et un peu cinglé. Il a composé la musique de livres audio pour enfants, un jingle pour l’UEFA, des bandes originales de fictions et de documentaires, joué devant dix perdus dans le rond central d’un stade de foot de 20 000 personnes – » Il y a bien des groupes de merde qui s’y produisent« – et donné dix concerts gratuits dans dix salles différentes de Berne le même soir contre autant de publicités avec son nom et sa photo dans la gazette.

Rencontres au sommet

Le camarade de jeu du Reverend Beat-Man (ils ont eu un band ensemble, Drü, et tournaient encore juste avant la pandémie accompagnés de quatre bassistes) continue de mélanger les sonorités classiques et contemporaines pour explorer les possibilités sonores du piano à bretelles sans effet ni boucle. Batkovic a toujours voulu faire sonner son accordéon comme un groupe entier, en exploiter seul toutes les possibilités. Sur Introspectio, il a décidé de s’entourer. Et pas seulement de Colin Stetson pour une rencontre au sommet. Il a aussi embauché le Maverick anglais des musiques électroniques James Holden sur Chorea Duplex, soundtrack d’un film de science-fiction qui n’existe pas. Il a rassemblé Clive Deamer, un batteur britannique croisé aux côté de Portishead, de Robert Plant ou encore de Radiohead (qu’il accompagne en tournée depuis 2012) et l’ancien membre de Beak> Matthew Williams, alias MXLX, sur le splendide Repertio. Pour ce disque à nouveau sorti par Geoff Barrow sur son label Invada Records, le magicien helvète a même enrôlé le temps d’une chanson, celle d’ouverture, le Cantus Domus Choir, un choeur berlinois qui s’est déjà produit avec Damien Rice et Justin Vernon. Oubliez Yvette Horner, Gilou et Licence IV. Mario Batkovic cherche, trouve, questionne. Vers l’infini et au-delà… Une séance d’hypnose à l’accordéon, poignante et grandiose.

Mario Batkovic

« Introspectio »

Distribué par Invada Records.

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