Bienvenue dans les cuisines de ce spécial Congo. Tout commence l’été dernier par une rencontre dans les locaux de la maison de disques de Baloji. Au menu de la conversation: le nouvel album de l’ex-Starflam, qui rêve d’une sortie originale, loin des sentiers asséchés de la distribution classique. On évoque quelques pistes, on entrouvre des portes. La discussion rebondit quelques jours plus tard en petit comité sur une terrasse à l’ombre de l’église Sainte-Croix, à Ixelles. Le bon dieu est avec nous, le plan de bataille prend forme sous l’£il d’un général de la communication confiant. Objectif: CD gratuit avec tout le tirage du Vif et de Knack… La marketing manager du Vif a des palpitations. Il ne reste plus qu’à trouver un partenaire financier qui ait le sens de l’histoire. Notre gradé nous rassure, il a ses entrées dans les cabinets ministériels où l’on a cotisé pour fêter dignement les 50 ans de l’indépendance de l’ex-colonie. Le budget est sous bonne garde, on peut prendre le taureau éditorial par les cornes. Première étape: accorder en interne nos violons avec Le Vif et Weekend. Une formalité. Le drapeau de l’enthousiasme flotte sur les 3 rédactions. Un journaliste s’envole pour Kinshasa, où Baloji est parti tourner ses clips, avec un carnet de commande d’articles long comme une pirogue. Dans le même élan, le chanteur, qui a mis tous ses £ufs dans le panier, se plie en 4 pour nous dégoter des sujets à la hauteur de nos ambitions. Arrive décembre. Et son premier coup de froid: le général crâneur est revenu bredouille de sa pêche miraculeuse. Echanges de mails frénétiques. Coups de téléphones fiévreux. Impossible pour nous de supporter seuls tous les frais. Que fait-on? On arrête tout ou on reprend la main pour sauver ce qui peut l’être? Trop tard pour reculer. Et surtout trop bête. On a des diamants dans les mains, on ne va pas les jeter à l’égout. Troquant son micro pour un bâton de pèlerin, Baloji passera donc les vacances de Noëlà faire le siège des institutions fédérales et fédérées. Les promesses pleuvent. Mais pas les propositions fermes. Délais trop courts, mobilisation générale pour Haïti… Finalement, le coup de pouce viendra de la Région wallonne et de la Communauté française. On pense être enfin sortis de l’auberge congolaise. Mais un sort vaudou semble s’acharner sur cet album. Il faudra encore une semaine de palabres et de crises de nerfs pour des questions de droits avant d’arracher le feu vert définitif. Il était moins une. Tout ça ne nous rendra certes pas le Congo. Mais nous en rapproche un peu…

Par Laurent Raphaël

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