Maggie Terry

L’ex-flic au centre du dernier roman de l’Américaine Sarah Schulman n’a pas la vie facile, comme dans tout bon polar hardboiled. Droguée, alcoolique, elle sort d’une cure de désintoxication en ayant tout perdu: sa compagne, sa fille et son boulot de flic au NYPD, heureusement remplacé -histoire de survivre- par une pige d’enquêtrice pour le cabinet d’avocats Fitzgerald & Robbins. Ce dernier lui demande de fouiller le passé d’une jeune actrice assassinée. Un passé qui va évidemment lui éclater à la figure, le tout dans une intrigue qui va s’étaler sur quatre petits jours surchauffés dans le New York caniculaire de l’été 2017 et sur lequel plane l’ombre de Trump,  » ce président cinglé ». Le fait que Maggie Terry soit flic, femme et lesbienne est sans doute un détail aujourd’hui dans ce polar rugueux et presque classique dans son écriture et son déroulé, mais c’était une véritable provocation il y a 30 ans, quand Sarah Schulman, célèbre militante queer, a écrit ses premiers polars (dont Après Delores, publié il y a seulement quatre ans chez Inculte) comme un acte militant, à une époque où les éditeurs boycottaient ouvertement les personnages homosexuels. L’époque a changé et le boycott n’est plus, mais Sarah Schulman a décidé de revenir à ce genre encore largement rempli de clichés masculinistes. Comme pour prouver, encore une fois, qu’on peut écrire un excellent roman noir sans avoir de baloches.

De Sarah Schulman, éditions Inculte, traduit de l’anglais (États-Unis) par Maxime Berrée, 320 pages.

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