Madeleine, résistante – t. 1: La Rose dégoupillée
Les récits de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement ceux liés à la Résistance ont toujours été entourés d’une aura d’héroïsme exalté qui fascine. Au fil du temps, les histoires ont mis toujours plus en lumière les protagonistes plutôt que les grands faits historiques. Madeleine, résistante est de cette veine. Mais ce qui frappe ici, c’est l’engagement inconditionnel et aveugle face au danger. Le jeune âge des acteurs n’y est certainement pas pour rien: Madeleine Riffaud a à peine 16 ans quand le conflit mondial éclate. Un seul but l’anime, lutter contre l’occupant. Madeleine n’avait jamais raconté son histoire. Poussée par son ami Raymond Aubrac, grande figure de la résistance française qui l’enjoignait d’un » tu vas enfin l’ouvrir, ta gueule, oui? » lors des cérémonies du cinquantième anniversaire de la Libération, l’ancienne résistante s’est rappelée ses faits et gestes pour rendre hommage à la mémoire de ses camarades tombés à 17 ans. La bande dessinée n’était à priori pas son médium de prédilection mais, contactée par Jean-David Morvan, la dame se laisse convaincre. Le présent volume -il y en aura trois- conte les débuts, l’engagement, la débâcle de 40, la tuberculose et la rencontre avec les résistants dans un sanatorium alpin. Le récit est fluide et vivant, comme si Madeleine le racontait au lecteur assis sur ses genoux, opérant de temps à autres des allers-retours dans la chronologie. Le dessin de Bertail, s’il a quelque peu perdu de sa singularité, a gagné en réalisme et en dynamisme. La scène de l’arrivée de Madeleine au sanatorium niché dans les montagnes en plein hiver est sublime. Un très bon récit de guerre qui laisse une grande place à l’humain.
De Dominique Bertail, Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud, éditions Dupuis, 128 pages.
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