Ma vie dans l’Allemagne d’Hitler

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Au départ, une enquête qui a dû paraître si incongrue et inintéressante à l’époque qu’elle n’a semblé alerter personne: en 1939, trois chercheurs de Harvard, aux États-Unis, lancent, par voie de presse, une vaste enquête auprès des Allemands ayant fui le nazisme, afin qu’ils racontent l’avant- et l’après-30 janvier 1933, moment de l’accès au pouvoir d’Hitler et de sa clique. Ces témoignages d’origines sociales, politiques et religieuses diverse, constituent un compte-rendu inquiétant, au regard de l’actualité, de la facilité avec laquelle toute une population peut sombrer dans l’horreur, le délire égotique, la haine de soi et des autres, la violence, l’outrance, le mensonge, tout en se réjouissant des vapeurs euphorisantes d’un ordre nouveau à la pureté et la vérité parfaitement fantasmées. Dits par la voix sublime et pudique de l’artiste allemande Ute Lemper, ces témoignages proviennent de familles juives, de chrétiens ou d’athées ayant manqué de succomber aux sirènes nazies, d’opposants politiques, d’hommes et de femmes qui ont vu amis, familles et enfants sombrer dans l’hypnose collective, les premières dénonciations, les déportations, la violence, précédant la fuite en avant inexorable. Derrière les images d’archives personnelles ou officielles posées avec beaucoup d’à-propos sur les mots, se dessinent les traits d’un État qui se veut omnipotent, autosuffisant, définissant son propre credo, l’imposant aux masses par la séduction, la flatterie, les discours de contre-vérités, puis la force.

Documentaire de Jérôme Prieur.

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