Ma mère, cette inconnue

de Philippe Labro, Editions Gallimard, 181 pages.

8

Après la mort de sa mère en 2010, Philippe Labro, « l’écrivain de la famille », a répondu à l’attente de ses frères et à sa propre nécessité de savoir qui se cachait derrière le regard bienveillant et généreux de Netka, « à qui il doit tout ». Mais les recherches s’avèrent longues et restent fragmentaires car sa mère est restée mutique quand il s’agissait d’évoquer sa jeunesse. Peut-être est-ce le besoin d’oublier les quatre abandons que l’enfant puis la jeune fille a dû surmonter: « Moins tu as été aimée, plus tu as été abandonnée, plus tu aimeras, plus tu accueilleras. » Labro construira donc son récit en séquences à partir de lettres retrouvées. Pour le reste, il choisit le romanesque. Car la vie de ce personnage multiple s’y prête: fille adultérine d’un comte polonais enterré vivant par les Bolcheviks et d’une fille de ferme abandonnée mais cultivée, Netka est une « enfant-valise ». L’auteur avait déjà évoqué son père dans Le Petit Garçon avec plus de facilité que dans ce récit douloureux qui lui a coûté en cours d’écriture une rechute dans la dépression. Cette fêlure explique peut-être certaines redondances entre l’avant et l’après. Mais cela n’empêche pas Ma mère, cette inconnue d’être un « roman » prégnant, qui suscite l’admiration pour cette femme douce et endurante et surtout fait croire à la beauté de la vie.

M-D.R.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content