Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

LE CINÉASTE EXPOSE SES SMALL STORIES PHOTOGRAPHIQUES AUX GALERIES À BRUXELLES. ÉTRANGE ET FASCINANT…

Small Stories

DAVID LYNCH. JUSQU’AU 1ER MARS 2015, GALERIES DE LA REINE 26, 1000 BRUXELLES.

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La descente des escaliers se fait dans un clair-obscur qu’entretiennent de grosses bougies, posées toutes les quelques marches. De loin, du bas, nous parviennent les sons enveloppants d’une musique obsédante. Un beat lancinant, une voix féminine, assourdis par l’épaisseur des vieux murs. Notre descente achevée, un écran nous fait face. Eraserhead s’y affiche. A gauche et à droite s’ouvrent deux couloirs. Deux options pour découvrir une quarantaine de possibilités sous forme de photographies et -à chaque bout- de clips animés. Nous sommes sous les Galeries de la Reine, à Bruxelles. Nous sommes chez David Lynch, qui expose ses Small Stories jusqu’à début mars.

Après une mémorable exposition de ses estampes au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée à La Louvière, au début 2013, le cinéaste aux multiples talents trouve un nouveau lieu marquant dans nos surréalistes contrées. Le cinéma Galeries l’a invité pour une expo et une intégrale de ses films. Réalisateur mais aussi peintre et musicien, Lynch pratique également et depuis longtemps la photographie. A l’heure où s’annonce une nouvelle saison de sa saga télévisuelle mythique Twin Peaks, les images fixes (mais si peu…) réunies au Galeries permettent de retrouver un artiste devenu rare sur le grand écran, mais dont la polyvalence se manifeste une fois encore. Et dont la créativité semble loin d’être en berne.

Noires et inquiètes beautés

Une fois dans les caves aux allures de crypte, nos yeux sont capturés par une série de têtes, exposées côte à côte et de part et d’autre d’un premier mur. Le noir et blanc règne ici comme il le fera tout au long du parcours, dans de très beaux tirages grand format. Sobrement intitulé Heads, ce premier et double alignement frappe d’entrée avec ses têtes chauves et dépourvues de visage, que Lynch a travaillé en y projetant tantôt l’ombre d’une main, tantôt des gouttes de pluie, un orage, un gratte-ciel coupant la tête en deux ou une mâchoire portant un appareil dentaire et faisant comme une plaie grimaçante… « Hello my name is Fred » s’inscrit sur une des têtes et appelle un sourire. Mais une deuxième série nous happe déjà de la gauche. Son nom est Dreams mais c’est de rêves très noirs qu’elle nous entretient. L’humour est encore présent, avec ces figurines et décors de salle de jeux enfantine « gonflés » bien au-delà de leur taille originale. Mais collages et jeux de proportions engendrent le malaise, distillent l’inquiétude et bientôt la menace. « Three Things Converge« , et tout un monde bascule, comme au bord de la catastrophe… Et voici l’horreur de visages irréels, grimaçants, percutés, malmenés, déformés, criant une terreur muette. Nous nous penchons sur ces Interiors et sur ces Windows, troisième et quatrième séries exposées. Et c’est un abîme qui guette notre regard, même quand l’art de Lynch confine à l’abstraction. C’est fort, cauchemardesque, poétique et à sa manière très beau.

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