LIFE ON MARS

Robinson Crusoe on Mars

DE TOUT TEMPS, LE CINÉMA S’EST INGÉNIÉ À TROUVER DES TRACES DE VIE SUR LA PLANÈTE ROUGE. SURVOL…

Le septième art n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements lorsque Georges Méliès en déploya l’horizon et l’imaginaire à la faveur de son Voyage dans la Lune, en 1902. D’une aventure spatiale l’autre, il ne faudra guère plus d’un mouvement de caméra pour que le cinéma élargisse son champ d’exploration à la planète Mars, objet, dès 1910, de A Trip to Mars, court métrage réalisé par Ashley Miller pour le compte de Thomas Edison et considéré comme le premier film américain de science-fiction. Un savant y mettait au point l’anti-gravité lui permettant de rejoindre la Planète Rouge, expédition le conduisant dans une forêt de géants, avant d’échouer dans la paume d’un Martien l’immobilisant de son souffle, situation inconfortable dont le libérerait une explosion le ramenant sur le plancher des vaches -home, sweet home… Le Danois Forest Holger-Madsen devait lui emboîter le pas en 1918 avec Le vaisseau du ciel, space opera envoyant un ingénieur sur Mars pour y découvrir une population pacifiste et revenir porteur d’un message de paix (on était au lendemain de la Première Guerre mondiale). Quant au Russe Jakov Protazanov, son Aélita (1924) expédiera sur Mars l’ingénieur Los, qui y contribuera avec ses compagnons à mener la révolution contre un régime totalitaire…

Péril rouge

C’est avec les années 50, et la menace des périls rouge et atomique notamment, que les odyssées martiennes vont se multiplier, aux États-Unis en particulier. Flight to Mars de Lesley Selander (1951), Red Planet Mars de Harry Horner (1952), The Angry Red Planet d’Ib Melchior (1959), les exemples abondent en effet -jusqu’à Abbott & Costello go to Mars, en 1953, où les deux nigauds finissent par se retrouver sur Venus, après un crochet par… la Nouvelle-Orléans. Il y en a pour tous les goûts, films d’anticipation inspirés comme nanars pur jus baignant dans un environnement résolument kitsch et reflétant les angoisses de l’époque. Invaders from Mars, de William Cameron Menzies (1953), n’est pas sans parenté, par exemple, avec le mémorable Invasion of the Body Snatchers, de Don Siegel, et ses Martiens, certes riquiqui dans leurs combinaisons verdâtres, infectant l’esprit de Terriens en quelque entreprise de lobotomisation plombée, cependant, par un final aussi confus que délirant (un film dont Tobe Hooper signera un remake une trentaine d’années plus tard). À l’autre bout du spectre, le Devil Girl from Mars, du Britannique David MacDonald, s’avère résolument farce qui, à la suite d’une guerre des sexes ayant décimé les hommes de Mars, expédie sur Terre une dominatrice armée d’un rayon-laser et d’un robot en fer blanc, afin d’y enlever les hommes susceptibles de contribuer à repeupler sa planète; Ed Wood n’aurait pas fait mieux. L’époque, toutefois, n’est pas propice qu’aux films de série Z et un Robinson Crusoe on Mars de Byron Haskin (1964) touche, dans la splendeur irréelle des décors de Death Valley, à la SF existentielle, sur les pas d’un astronaute échoué sur la Planète Rouge avec pour seul compagnon son singe –The Martian, de Ridley Scott (2015) n’est, somme toute, guère éloigné.

Si le genre a pu paraître s’essouffler, le Total Recall de Paul Verhoeven (1990), réexpédiant Arnold Schwarzenegger sur Mars entre différents niveaux de réalité, et le Mars Attacks! de Tim Burton (1996), hilarant hommage aux films de SF des années 50, avec ses Martiens décimant la population terrienne au son de « We come in peace », vont sonner le signal de la reconquête en effet. De Red Planet, d’Antony Hoffman (2000), à John Carter, d’Andrew Stanton (2012), rebaptisant Mars en Barsoom, en passant par Ghosts of Mars, de John Carpenter (2001), les chroniques martiennes se sont en effet multipliées, anime (Cowboy Bebop, Shinichirô Watanabe, 2001) et films pour enfants (My Favorite Martian, Donald Petrie, 1999) inclus. Et jusqu’au fascinant Mission to Mars que signait Brian De Palma en 2000, entre fulgurance et naïveté. Le terreau martien semble d’ailleurs inépuisable, et après Life, spéculant sur la présence d’une forme de vie sur la Planète Rouge, on découvrira, début mai, The Space Between Us, de Peter Chelsom, l’histoire du premier homme né sur Mars, et entreprenant le voyage vers la Terre à la recherche de son père. L’odyssée de l’espace ne fait, après tout, que commencer…

J.F.PL.

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