Les Yeux du Rigel

Dernier volet du triptyque de l’histoire d’Ingrid Barroy, qui est aussi et surtout un portrait de la Norvège au sortir de la Seconde Guerre par l’écrivain Roy Jacobsen, Les Yeux du Rigel reprend le récit au moment où la jeune Norvégienne prend son bâton de pèlerin, à la recherche d’Alexander, prisonnier-naufragé-rescapé russe qu’elle a soigné, puis aimé sur son île, avant de le laisser partir. Elle n’entreprend pas ce long périple seule, mais en compagnie de Kaja, petite fille de neuf mois, fruit de leur brève idylle. Alors que son bébé est sur le point d’apprendre à marcher, sa génitrice va arpenter la Norvège terrienne, celle des fjords, sur les traces de son amour reparti en hiver et qu’elle piste au cours de l’été dans un pays meurtri. La guerre y a laissé, dans les paysages et dans les coeurs, des empreintes indélébiles, des rancoeurs, des souvenirs de trahison, des ombres portées de collaboration ou de résistance. Et si Ingrid rencontre des témoins du passage de son homme, elle croise surtout des silences, des non-dits, des demi-vérités, quand ce ne sont pas des mensonges. De son écriture toujours aussi lumineusement dépouillée, Jacobsen écrit sur la page comme l’on marche dans la neige, en veillant à ne pas en souiller inutilement la blancheur de mots superflus.

De Roy Jacobsen, éditions Gallimard, traduit du norvégien par Alain Gnaedig, 256 pages.

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