Les Vilaines

Dans la zone rouge du parc Sarmiento évolue une communauté trans dont la figure la plus flamboyante, presque monarchique, est Tante Encarna, 178 ans. Autour d’elle gravite sa famille choisie, de Laura enceinte jusqu’aux yeux de jumeaux à Éclat des Yeux, l’enfant trouvé dans les buissons et adopté par toutes. Membre récemment cooptée par cette bande singulière, Camila se raconte intimement depuis les premiers travestissements dans un village aux idées closes et une famille à la violence sans digues jusqu’à son basculement dans la prostitution et son arrivée à Córdoba. Réceptacles des traumas des Hommes sans tête (réfugiés foudroyés par les violences de la guerre) avec qui une compréhension mutuelle est possible, cibles de la cruauté des flics comme des clients aux désirs refoulés, ces reines de la nuit ne peuvent compter que sur leurs croyances mystiques et métissées et leur capacité à transfigurer l’âpreté du réel. On est heureux de découvrir ici une soeur rutilante en représentations alternatives de Gabriela Cabezón Cámara, le réalisme magique en plus. Avec ou sans fard, Camila Sosa Villada jongle avec les deux faces de ces femmes chez qui subsiste, envers et contre tout, une certaine moelle de vie.

De Camila Sosa Villada, éditions Métailié, traduit de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, 208 pages.

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