Les Strates

Pénélope Bagieu nous a bien eus. Empruntant d’abord le chemin de la chicklit début 2000 avec son personnage de Joséphine, névrosée cherchant l’amour, l’autrice s’est redirigée sur la voie d’un féminisme soft avec la très belle bio de Mama Cass et les compilations Culottées dans la foulée. Le très attendu Les Strates lève un voile sur la jeunesse de l’autrice et les moments fondamentaux qui ont façonné la femme qu’elle est devenue. Le moins que l’on puisse dire est que Pénélope Bagieu nous fait passer par (presque) toutes les émotions. On pleure quand elle nous parle de son chat et de la place qu’il a pris au sein de la famille au cours des 18 ans de son existence. On rit quand elle se dessine la « snot » au nez aux sports d’hiver. On frissonne devant l’aveuglement de ses passions amoureuses non réciproques ou lorsqu’elle se fait piéger à 10 ans par le petit frère de sa copine chez qui elle passe la nuit, et rebelote à 15, par le mec le plus chelou du bahut, après une soirée arrosée. Un récit se détache particulièrement du lot par l’originalité du propos. Suivant l’adage « ne sachant pas que c’était impossible, ils l’ont fait », elle nous parle de son ignorance face à sa nullité en sport et par extension dans tous les domaines, ignorance qu’elle transforme en  » permis d’oser des trucs« . Il y aurait tellement à raconter tant chaque récit est plein de sensibilité et d’humour. La force de Pénélope Bagieu réside dans son dessin expressif et vintage, croquant les situations en deux coups de crayon, et dans son récitatif drôle et incisif qui n’épargne personne et certainement pas elle-même. Mais son plus grand atout est de s’adresser à tout le monde, filles et garçons, jeunes et moins jeunes, sans nivellement par le bas.

Les Strates

De Pénélope Bagieu, éditions Gallimard, 144 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content