Les Républicains

De Cécile Guilbert, Éditions Grasset, 254 pages.

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Novembre 2016. Cécile Guilbert se rend chez Ardisson où se tient un revival de 93, Faubourg Saint-Honoré. Elle y retrouve ses copains de promo à Sciences-Po: les Copé, Pujadas, Roumanoff et autre Beigbeder. La fille en noir accepte l’invitation de Guillaume Fronsac à poursuivre la soirée. De 17 heures à minuit, arpentant le Paris de la Rive Droite, le banquier d’affaires et l’ombrageuse lettrée vont confronter leurs existences et leurs désirs sur le plateau d’une même balance, la République des Lettres. Sur une trame romanesque ténue -vont-ils se ré-embrasser comme il y a 30 ans?-, Guilbert croque les appétits de pouvoir: « Écritoires et cabinets ne racontaient-ils pas une vieille histoire? Celle d’un pays où la littérature avait toujours été politique et la politique littéraire? » Contant les conflits d’intérêts et autres « retraites-chapeaux » sur fond de dérive méritocratique, Les Républicains partage nombre de points communs avec Le Grand Paris d’Aurélien Bellanger. Quand ce dernier écrit des romans comme des essais, Guilbert, essayiste par nature (Saint-Simon, Guy Debord, Warhol, elle les a tous attrapés dans sa chasse aux Pokémon), se hasarde de manière réfléchie sur les terres d’un romanesque désenchanté. Dans les fauteuils crapauds où se croise et croasse le Tout-Paris, les plaisirs du marivaudage interrogent le choix de la littérature, ses parti-pris. Ainsi, sous des atours de reportage en immersion surgi du Magazine du Monde, les meilleures pages sont celles de l’autoportrait d’une femme de 50 ans ayant fait le choix des livres. « Et moi, qu’est-ce que je foutais là…? » s’interroge Guilbert. Cendrillon s’en va au bal -las, c’est celui des vaniteux. On y pantoufle dans le verre soufflé de Murano. Morale de l’histoire: Loi El Khomri, femme à moitié dans son lit?

F.DE.

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