Alors que leurs derniers modèles de toilettes se chargeront de vos check-up, 70 % des Japonais sont d’ores et déjà équipés de washlet. Rolls Royce des WC, la plupart du temps dotée d’une radio intégrée.

DE JULIEN BROQUET

C’est sans doute lié, quelque part, au fait que nous sommes de plus en plus cons: toutes les créations de l’homme sont aujourd’hui intelligentes. On connaissait déjà les valises qui aspergent les billets d’encre indélébile quand elles se sentent en danger. Les Japonais viennent d’inventer des toilettes qui transforment votre soulagement en visite médicale. Ça fait flipper. Les WC nippons new look se chargent d’analyses assez précises sur votre état de santé. On est traqué. Certaines sociétés ont même déjà inventé des prototypes de frigos capables d’évaluer l’équilibre alimentaire du consommateur et même de jouer les diététiciens. Mais là on s’écarte un peu du sujet.

Si ces toilettes dernier cri sont encore le lot de privilégiés, 70 % des Japonais sont déjà équipés de washlet. Dans les options: siège chauffant, jet d’eau chaude qui asperge les fesses après utilisation et sons de chasses d’eau émis par un haut parleur qui se chargent de masquer les bruits disgracieux. Certains possèdent aussi, c’est ce qui nous intéresse, une radio intégrée. La caractéristique peut paraître anodine en 2010 et elle l’est assurément sur un plan purement technologique (vous pouvez trouver des dérouleurs de papier toilette dotés de dock pour iPod). Elle confirme cependant que la musique est entrée dans les sphères les plus intimes de nos vies. C’est bien simple, la musique est partout. Et on n’ose imaginer ce qu’il en sera d’ici 20 ans. L’idée de l’autoradio n’aurait (forcément) effleuré personne en 1769 quand Joseph Cugnot a présenté le premier véhicule automobile fonctionnel.

Le bruit incommode, le silence indispose…

Beaucoup de groupes défendent l’idée que le meilleur endroit pour écouter leurs CD est la voiture mais on n’en a encore rencontré aucun qui nous conseillait de passer son disque sur le trône. L’omniprésence de la musique est sans doute autant le reflet de l’importance prise par la pop dans nos vies qu’un combat sans relâche contre le silence. Si le bruit incommode (on porte plainte de nos jours contre les gamins du voisin qui font un peu de boucan dans le jardin), le silence indispose. Peut-être parce qu’il invite à la pensée, à des états d’âme que nous préférons ignorer. Enfouir sous la bande originale de nos vies. A l’heure qu’il est, même l’ultime hommage, la minute de silence ne dure plus 60 secondes…

Ceci dit, la musique, intrusive, qui squatte aussi bien la sphère privée que l’espace public, a parfois un rôle clairement identifié. Elle sert à rassurer dans les parkings et les stations de métro où le silence, au même titre que la saleté et l’obscurité, a été pointé comme l’un des facteurs suscitant le sentiment d’insécurité. Et fait office de subtil outil de vente dans nombre de magasins. Plusieurs études ont d’ailleurs déjà démontré qu’elle servait souvent à créer des désirs chez le client. Le succès des environnements de vente dépendant de leur capacité à structurer et à renforcer la subjectivité de l’acheteur potentiel que ce soit avec la musique, la température, l’éclairage ou la déco.

Les lieux où ils sont diffusés ont même fini par catégoriser de manière péjorative certains types de zique. Les vendeurs de grandes surfaces et les grooms, lobotomisés, pourraient vous parler des heures et des heures de la musique de supermarché et d’ascenseur. D’ici à ce qu’un style s’impose dans nos toilettes…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content