Les Jours de silence

Comme de nombreux écrivains américains, Phillip Lewis a le don de la narration. Dès les premières pages, il « encorde » son lecteur avec un récit palpitant dont le sujet douloureux aborde l’incapacité à communiquer et l’inaptitude à nommer l’essentiel dans une famille isolée de Caroline du Nord. Le père, assujetti au temps qui fuit, son épouse, admirable de sollicitude et leurs trois enfants habitent dans la « maison-vautour », un manoir maléfique. Le père vit de ses « intermittences » professionnelles dans un cabinet d’avocat avant de retourner, nuits et jours, l’alcool aidant, à l’écriture du livre de sa vie, un récit annonciateur de sa mort. Car la mort le hante. Un jour, il disparaît. Commence alors le récit de la vie du fils-narrateur, sa fuite désespérée de tout ce qui touche à cette famille délétère et à ses silences. Comme ce paternel vénéré qui lui a laissé  » un terrifiant silence en plein jour, né du vide et de la désolation » et dont il n’a jamais fait le deuil, il choisit l’isolement, torturé et incapable de dévoiler les emballements de son coeur. Malgré les quelques longueurs qui alourdissent la première moitié du récit, Lewis a su dépeindre avec émotion les affres de « l’incommunicabilité ». Il entretient le suspense jusqu’au bout, il a le sens des rebondissements et tient son lecteur en haleine grâce à une imagination débridée qu’il distille habilement.

de Phillip Lewis, Editions Belfond, traduit de l’anglais (USA) par Anne-Laure Tissut, 427 pages.

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