Les Huit Montagnes

De Paolo Cognetti, ÉDITIONS Stock, Traduit de l’italien par Anita Rochedy, 300 pages.

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Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana, au coeur du val d’Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié. Le livre ne parle que de ça. De deux amis et d’une montagne, de la transmission. Celle d’un père taciturne, détestant les skieurs -ce « quelque chose d’arrogant dans leur petit jeu qui consistait à dévaler la montagne sans s’être donné la peine de la gravir. » Un paternel qui fait sécession l’hiver en restant enfermé dans son appartement de Milan, parce que « la montagne n’était pas faite pour les hommes et il fallait la laisser en paix ». Reste alors toute la place pour l’amitié, qui semble vivre un été sans fin. Vingt ans plus tard, dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami, Pietro tentera de se réconcilier avec son passé -et son avenir. Un écrivain, c’est d’abord une voix. Et l’Italien Paolo Cognetti n’a pas besoin de cent pages pour se faire entendre. Le torrent de sa langue submerge les tourbières, slalome entre les herbes de haute altitude, rameute les bêtes en pâture. Poursuivant à travers éboulis et restes de névés, on remplace progressivement la langue abstraite des livres par la langue concrète des choses et les journées de marche deviennent le plus beau des refuges. Avec une voix qui rappelle parfois son compatriote Erri de Luca mais aussi le premier de cordée Mario Rigoni Stern, ce roman initiatique sent la neige glacée et la pierre à fusil à plein nez.

F.DE.

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