Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

DÉPEIGNANT AVEC PAS MAL D’APLOMB LA RELATION ENTRE DEUX ESPIONS RUSSES INFILTRÉS AUX ETATS-UNIS, THE AMERICANS EST L’UNE DES SÉRIES LES PLUS SOLIDES DU MOMENT.

The Americans – saison 1

SÉRIE FX CRÉÉE PAR JOE WEISBERG. AVEC KERI RUSSELL, MATTHEW RHYS, NOAH EMMERICH. DIST: FOX.

7

Phillip et Elizabeth travaillent dans une agence de voyage. Ils sont beaux, trentenaires, vivent paisiblement dans la banlieue de Washington avec leurs deux enfants. La parfaite petite famille américaine. Sauf que Phillip et Elizabeth bossent pour le KGB, qu’ils sont plutôt dangereux quand on s’y frotte et qu’ils sont en pleine réflexion, leur double vie étant mise en danger, notamment par l’arrivée d’un agent du contrespionnage dans leur quartier. Pour le couple, c’est l’heure des bilans, des remises en question. Mariés sans se connaître pour les besoins de la mission, ils apprennent à s’aimer, avec les années. Mais leurs sentiments restent confus. Puis il y a l’engagement pour la mère patrie, toujours aussi intact pour Elizabeth, un peu plus dilué pour Phillip.

On est au début des années 80. Et c’est l’une des bonnes idées de Joe Weisberg, le créateur de The Americans: en se basant sur l’affaire des cellules dormantes russes, dévoilée en 2010, mais en la déplaçant dans l’Amérique de Reagan, cet ancien membre de la CIA s’est ouvert de bien intéressantes perspectives. Comme il l’explique dans les maigres bonus (sans sous-titres d’ailleurs) livrés dans ce coffret DVD, Weisberg n’avait pas spécialement envie d’enchaîner les plans d’ordinateur et d’e-mails qui, aujourd’hui, peuplent le quotidien des espions du monde entier. A l’époque de la Guerre froide, point d’Internet ou de GSM, mais des gros gadgets, des rencontres clandestines, des postiches sur la tête. Ce qui, entre parenthèses, est peut-être la seule faiblesse de cette série: le côté déguisement-moumoutes des missions de Phillip et Elizabeth, poussé dans ses derniers retranchements, finit parfois par lasser, ou en tout cas par sonner l’alarme de la crédibilité. Le reste se révèle franchement costaud. Notamment la manière, assez subtile, dont la relation hybride du couple est traitée.

Par ailleurs, et c’est une qualité assez singulière dans une série américaine, l’intrigue prend pour héros deux personnages qui, de toutes leurs forces ou presque, combattent les Etats-Unis. Un parti pris assez audacieux, même si, là encore, le retour dans les années 80 atténue quelque peu l’aversion potentielle que pourrait nourrir le public US à l’encontre du couple. Weisberg, dans ce contexte, ne s’aventure jamais frontalement sur le terrain de l’idéologie pure, ce qui lui évite de s’y casser les dents. Un autre bon point pour une série tout à fait recommandable, et dont on attend une troisième saison pour 2015.

GUY VERSTRAETEN

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