Les Dessous du maillot de bain

Au rayon « futilités », je demande: le maillot de bain. Est-ce grave, docteur? Pas du tout, jeune homme. Car figurez-vous que, derrière ces quelques centimètres carrés de tissu (qui ont été -et sont encore parfois- beaucoup plus), c’est tout le paradoxe de la mode qui se range. La futilité est le lieu où se cristallise le plus souvent ce qu’une société rejette ou méprise sans parvenir à se l’avouer -ou, du moins, à se sentir tout à fait fondée à le dire sans ridicule. Dans Les Dessous du maillot de bain, histoire panoramique des tenues de plage de l’Antiquité à nos jours, Audrey Millet, connue de nos services pour avoir déjà lancé plusieurs investigations dépoussiérantes dans le monde de la fashion, le démontre avec faconde et érudition. De la crainte de l’eau (associée au « féminin », à l’insaisissable et à l’inconnu) aux débats hystériques sur le burkini, elle y dresse un catalogue impitoyable mais jamais méchant des tabous absurdes dont les prétendues civilisations ont tenté d’entourer le corps -surtout celui des femmes. Au contraire de ce qu’on pourrait penser, les plus gratinés ne sont pas forcément les plus anciens. Avec l’apprivoisement progressif du milieu aquatique et le développement de la baignade à la fin du XIXe siècle, ce sont de nouveaux mythes de beauté et de perfection qui ont remplacé les terreurs anciennes. Des mythes pas moins violents.

D’Audrey Millet, éditions Les Pérégrines, 272 pages.

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