Les bons tuyaux de Bertrand Burgalat

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Chanteur, instrumentiste, compositeur, arrangeur, producteur, Bertrand Burgalat est également patron du label Tricatel. Une île salvatrice dans la pop française à aborder, ainsi que d’autres choix de l’artiste, en confinement.

Le Ben & Bertie Show

« Avec Tricatel, on s’est demandé ce que l’on pourrait faire d’utile en cette période. On a donc essayé de regrouper, sur un lien via notre site, des concerts d’artistes du label, des émissions de radio, des interviews. Et puis on a aussi mis les quatre épisodes du Ben & Bertie Show réalisés en 2013 et 2014, seulement visibles sur Paris Première et jamais en clair. J’avais eu la velléité de faire une émission musicale qui serait un peu différente de ce qu’on voyait, et qui soit presque une émission de service public. C’est-à-dire qui puisse réunir des artistes de notoriétés, de générations et de styles très différents. De Charles Dumont à Marc Lavoine en passant par des groupes beaucoup plus confidentiels avec du classique, du jazz, du rap.Benoît Forgeat, réalisateur et scénariste du Ben & Bertie, a eu l’idée d’en faire une fiction musicale, intégrant les numéros musicaux dans un scénario où à chaque fois, se déroule une histoire faussement absurde. Tout a été tourné en studio en green key (fond vert qui permet les incrustations, NDLR) , les artistes jouant vraiment: un boulot de dingues avec des moyens dérisoires et donc on a laissé tomber après quatre épisodes. »

Les bons tuyaux de Bertrand Burgalat
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Louis Cole

« Les découvertes se font plus ou moins par hasard et cela m’a amené à Louis Cole, un musicien repéré il y a des années, via un artiste américain, Thundercat. Celui-ci avait fait un single Bus In These Streets , avec un canevas d’accords qui ne ressemblait pas au reste de ses productions. J’ai découvert que ce morceau avait été composé par le batteur de Thundercat, Louis Cole, un talent incroyable que j’aurais voulu signer s’il ne l’avait pas déjà été. Probablement l’un des musiciens les plus impressionnants de ces dernières années: il a à la fois beaucoup de technique mais aussi un côté Brian Wilson dans la fragilité de la voix. On est dans une période compliquée où on a envie d’écouter de belles choses et un morceau comme celui-là me donne de l’espoir. On dit que tout a été fait mais en écoutant une telle chanson, on se dit que des musiciens continuent à explorer, à faire des choses qui ne ressemblent pas à ce qu’on a pu entendre jusque-là.  »

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Thierry Escaich

« Je suis ami avec cet organiste et en cherchant des morceaux de lui, je suis tombé sur un titre de Maurice Duruflé, compositeur du XXe siècle qui tenait l’orgue prestigieux de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris. Aujourd’hui repris par Escaich. Et en ce moment, j’écoute beaucoup ce morceau parce que je le trouve d’une grande beauté et d’une grande pureté. C’est l’un des bons côtés de cette période que de pouvoir faire ces découvertes. Y compris celle des Cambridge Boys, une quinzaine de choristes enregistrés à l’église en question. Là, c’est du classique total d’un compositeur qui appartient à la même génération que Messiaen. Je n’analyse jamais la musique mais j’ai envie qu’elle me fasse bouger, m’émeuve. J’aime bien quand une musique me surprend sans qu’il y ait forcément de démonstration technique. Et dans le cas de Duruflé, je suis touché par ce côté très émouvant, très direct.Je ne cherche pas la complexité puisque des morceaux à un seul accord me plaisent aussi. Je ne suis pas du tout cérébral dans mon écoute de la musique: on a le droit de tout aimer. »

Les bons tuyaux de Bertrand Burgalat
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Larry David

« Il a créé la série Sunset, que je n’avais jamais regardée. Et puis j’ai entamé sa série Curb Your Enthusiasm, qui a commencé au début des années 2000. Ce type-là s’est rendu compte qu’il n’avait pas de surmoi. Pendant une centaine d’épisodes, cet hypocondriaque, qui a tout un tas de névroses n’arrête pas de faire des gaffes épouvantables. C’est très bien écrit, très bien joué, j’ai regardé ça pendant des mois… Après avoir vu une série aussi fine et brillante, c’est difficile de passer à autre chose. Là, il tourne les derniers épisodes donc, ça ne m’étonnerait pas que le corona y arrive à un moment ou l’autre. En plus, je n’ai pas le sentiment d’avoir un tempérament addictif: la dernière série que j’ai regardée datait d’Extra , où Ricky Gervais joue un figurant, traité comme un moins que rien. Et quand il accède à un autre statut, plus confortable, il traite les autres aussi mal. Il est odieux dans un contexte de sacrée satire sociale où, là aussi, tout le monde joue bien. »

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Les archives

« France Télévisions m’a commandé la musique d’un film sur les Trente Glorieuses et du coup, j’ai regardé l’INA via un compte média pro. J’ai fait ce que je n’avais jamais osé faire, taper le nom de mon père Yves Burgalat -sous-préfet mort en 1983- et j’ai trouvé au moins 150 films, surtout de France 3. Il était vraiment drôle. Et puis je suis tombé sur un documentaire réalisé par les frères Naudet. Ils avaient fait ce doc sur le 11 septembre et là, ils ont travaillé sur l’attentat du Bataclan via un film appelé 13 novembre: Fluctuat Nec Mergitur . C’est la première fois que la violence de la société se télescope de cette manière avec le rock. Ils donnent la parole à des rescapés du Bataclan et dans la période actuelle, c’est extrêmement enthousiasmant de voir des gens d’une grande dignité. Avec aussi de l’humour, comme la fille qui dit: « Je n’allais quand même pas me faire buter par un mec en survêt « . À travers tout cela, il y a quand même quelque chose de galvanisant. »

www.tricatel.com

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