Les Aventures d’Ibidem Serpicon

Légèrement trop petit, souriant, souvent perdu, on a tôt fait de s’enticher d’Ibidem Serpicon. Cueilli par les titres de chapitres qui coiffent ses aventures – Les démêlés d’Ibidem Serpicon avec lui-même ou presque, tout un programme!-, on lui emboîte le pas pour musarder au gré des rencontres. D’une bienveillance impayable, tel Monsieur Hulot, voici notre hurluberlu aux prises avec un petit docteur, une vieille dame bien habillée, voire une chaussette orpheline (âmes sensibles s’abstenir). « Ibidem, Ibidem, explique-nous! Qu’est-ce que tu as pu voir de si curieux? » Bon, là, il ne répond pas car il a déjà maille à partir avec sa voix off, toujours à mettre son nez là où… C’est peut-être l’effet du remède qu’il prend depuis trois ans:  » C’est mon médicament pour voir la vie comme un imbécile heureux » . Au coeur d’admirables imbroglios avec la langue, René Haddad collectionne les trouvailles insolites. On pense à Alexandre Vialatte, Éric Chevillard, Henri Michaux: ou comment choisir ses mots pour appréhender la vie. Drôle et métaphysique, ce livre poids plume en remontre à bien des faiseurs d’histoires. Interrogeant le fondement du langage par le truchement de l’humour, sa publication posthume vient combler un vide. On ignorait tout de l’existence d’Ibidem Serpicon, or il soutenait le monde, à bout de bras, parce qu’il est de nature serviable, avec un peu de temps devant lui. Ah Serpicon! Quel zig tu fais!  » Oui, j’ai décidé de me suicider au sucré. » Sémillant, iconoclaste et élégant, un bonheur de lecture funambule.

De René Haddad, Éditions Zulma, 160 pages.

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