DE PAUL DUNCAN, ÉDITIONS TASCHEN, 600 PAGES.

Il y avait eu, auparavant, les réalisateurs Ingmar Bergman, Stanley Kubrick et Pedro Almodovar. Un gotha cinématographique auquel il convient désormais d’associer James Bond, objet, à son tour, d’un volume des Archives éditées, au compte-gouttes, par Taschen. C’est dire, en tout état de cause, le rang tenu désormais par « le plus fringant des agents secrets de l’histoire du cinéma », à qui ses 50 ans de présence à l’écran valent d’être célébré ici à sa mythique valeur .

On connaît le principe de ces ouvrages, qui associent vision panoramique et immersion en profondeur. 007 n’échappe à la règle, puisque les producteurs d’Eon, la société dépositaire des droits de la franchise Bond, ont ouvert à l’auteur Paul Duncan leurs archives recelant photos, dessins, story-boards, affiches, notes de service et autres éléments liés aux tournages des 23 films composant la saga. Tournés sous d’autres bannières, la parodie Casino Royale et Never Say Never Again complètent l’imposant générique d’un livre couvrant ainsi l’ensemble des films de James Bond. Que l’on soit inconditionnel ou non, fan de Sean Connery ou de Roger Moore, de George Lazenby ou de Pierce Brosnan, de Timothy Dalton ou de Daniel Craig, on ne peut manquer d’être soufflé par la somptueuse iconographie réunie pour la circonstance. Les 1100 illustrations ont notamment le mérite de restituer fidèlement une qualité que nul ne songerait à dénier à la franchise, à savoir un sens aiguisé du spectacle, affirmé dès Dr No pour s’amplifier à mesure du succès et des moyens l’accompagnant. Elles en établissent aussi une sorte de cartographie, entre les épatants génériques de Maurice Binder et les imposants décors de Ken Adam, sans même parler des destinations exotiques, peuplées, comme il se doit, de Bond girls ne l’étant pas moins, de Pussy Galore (Honor Blackman dans Goldfinger) à May Day (Grace Jones dans A View to a Kill), et jusqu’aux gadgets extravagants, comme le jet pack de Thunderball.

I’m not coming back

Le texte, qu’encadrent des interviews de Ian Fleming pour Playboy et de Sean Connery à Rolling Stone, se présente pour sa part sous la forme d’une histoire orale de la saga, dont il achève de révéler l’envers du décor en un film à film multipliant les intervenants: réalisateurs, acteurs, producteurs et techniciens. Immersion au c£ur même du processus créatif, il y a là une mine d’informations en même temps qu’un inépuisable réservoir d’anecdotes. Parmi celles-ci, il en est une voulant que, sondé sur ses intentions par Tom Mankiewicz, l’auteur de Live and Let Die, Sean Connery lui aurait répondu: « There’re only two things I’ve ever wanted to own in my life -a golf course and my own bank. I have the golf course, and I’m well on the way to the bank. I’m not coming back. » Ce qui se passe de traduction comme de commentaire, encore que l’acteur écossais serait amené à reconsidérer sa position – Never Say Never Again, en effet. L’on en passe, et d’aussi savoureuses, à découvrir le Martini à portée de main, shaken not stirred, cela va sans dire.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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