Lendemains de veille

Un an à peine après Humanz et son casting pléthorique, Gorillaz est déjà de retour. À la fête débridée a succédé une certaine mélancolie, qui lui va bien.

En 2017, le retour de Gorillaz arrivait à point. Sept ans après Plastic Beach, Damon Albarn et Jamie Hewlett relançaient leur cartoon band, au moment où l’on en avait peut-être le plus besoin. Idéal pop mâtiné de situationnisme, faisant autant le spectacle qu’il ne dénonce ses artifices, Gorillaz a toujours glissé un sous-texte politique derrière ses personnages virtuels. Comment Murdoc, Russel, 2-D et Noodle allaient-ils cette fois digérer et recracher le chaos du moment?

Conçu après le Brexit, mais avant l’élection présidentielle américaine, l’album Humanz imaginait ainsi le pire. Pour le coup, il le faisait en dansant. Dans la tourmente, Gorillaz organisait en effet une grosse fête pour noyer ses désillusions sur la piste. Cela passait par un disque qui louvoyait entre immédiateté pop, penchants funk, références rap et même déhanchements disco-house. Pris isolément, plusieurs morceaux confirmaient la vista d’Albarn – Andromeda, Saturn Barz, etc. Sur la longueur, Humanz se révélait cependant un peu trop chargé, voire par moments difficile à suivre, ployant trop souvent sous le poids de ses multiples invités, de Popcaan à Mavis Staples, en passant par Grace Jones, De La Soul, etc. Qui trop embrasse, mal étreint, ou quelque chose comme ça…

Gueule de bois

Un an à peine plus tard, Gorillaz est déjà de retour. Avec The Now Now, Albarn revient cependant à des ambitions plus mesurées. Ou, en tous cas, plus limpides. Composé l’an dernier, en grande partie sur la route (il suffit de voir la liste des morceaux, plusieurs d’entre eux évoquant des étapes de tournée), l’album est plus ramassé, concentré, là où son prédécesseur partait dans tous les sens. Un peu à la manière du mini-album The Fall, qui avait suivi Plastic Beach en 2010, l’effort se veut plus modeste en quelque sorte. À commencer par le générique, qui, à côté du nom de James Ellis Ford (Simian Mobile Disco) à la production, se « contente » d’enregistrer la participation de George Benson -la guitare aérienne sur Humility-, ainsi que celles de Snoop Dogg et de Jamie Principle, déjà bien connus de la maison Gorillaz (le premier sur Plastic Beach, le second sur Humanz).

Lendemains de veille

Certes, aucun d’entre eux ne passe inaperçu. Pour autant, c’est bien Damon Albarn qui prend les morceaux à son compte. S’il fait encore un peu illusion en début d’album (la new wave de Tranz, le glitter dance d’ Hollywood), le maître de cérémonie ne peut ainsi s’empêcher de céder à ses penchants les plus mélancoliques ( Idaho). Ceux où il se montre aussi souvent le plus juste, explorant la solitude moderne avec une acuité toujours aussi touchante. Même les accents synth-funk eighties de l’excellent Lake Zurich se font ainsi plus rêveurs, tandis que Fire Flies peut se voir comme la suite de Melancholy Hill. Après la fête acharnée de Humanz, The Now Now sonne un peu comme la gueule de bois du lendemain. Peut-être moins débridé, mais plus personnel.

Gorillaz

« The Now Now »

pop. distribué par Warner.

7

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