DOMINIC COOPER CRÈVE L’ÉCRAN DANS UN THE DEVIL’S DOUBLE OÙ IL INCARNE TOUT À LA FOIS LE FILS FÊLÉ DE SADDAMHUSSEIN, UDAY, ET SON INNOCENT « SOSIE ».

Il était… 2 fois Dominic Cooper. L’acteur londonien de 33 ans (depuis le 2 juin dernier) s’offre un festival dans le trash et pétaradant The Devil’s Double ( lire la critique page 31), où il campe le rejeton le plus dégénéré de Saddam Hussein, Uday, et l’homme auquel sa ressemblance avec le tyranneau va lui valoir d’être contraint de servir de double en certaines occasions. Dans cette plongée style gangsta aux profondeurs de la décadence d’un régime sanglant et corrompu, l’électrisant talent de Cooper s’exprime pleinement. Le séduisant député de The Duchess, le fêtard malhonnête d’ An Education, le rocker déjanté de Tamara Drew, n’a sans aucun doute pas fini de nous surprendre…

Comment êtes-vous entré dans cet univers extrême que dépeint le film?

Je ne connaissais pas grand-chose de précis sur les événements dont parlait le scénario. Mais bizarrement, j’avais comme une impression de m’en rappeler des flashs. C’est dû, je pense, au bombardement d’images qu’a pu subir le gamin que j’étais en grandissant à cette époque (les années 80), des images dont certaines trouvent des échos dans celles de The Devil’s Double. Y compris les plus extrêmes, les plus violentes. Je me suis rappelé avoir entendu aux infos que si Saddam Hussein était un type effrayant, son fils passait pour être encore pire. J’ai commencé la lecture du script en étant intrigué. Ce texte très cru, très brutal, m’a impressionné. D’autant qu’en jouant Uday et le pauvre type qui est précipité dans son monde délirant sans l’avoir voulu, j’allais devoir faire le tour des choses à 360 degrés!

Un fameux défi pour un acteur?

Oui, un défi que je voulais me lancer à moi-même, tester ma capacité à réussir quelque chose d’aussi démesuré. Il me fallait ce (double) rôle. Et je me suis lancé à sa poursuite, férocement. Le projet circulait depuis longtemps, passant de main en main. Déjà même avant la mort d’Uday, il avait été question de ce film. J’ai fait savoir clairement que s’il se concrétisait un jour, ce devrait être avec moi (rire)! En tout cas, il fallait m’auditionner…

Vous êtes-vous directement inspiré des personnages ayant réellement existé?

C’eut été impossible. La plupart sont morts, qu’ils aient été du côté du pouvoir ou de celui de ses victimes. Et personne ne sait vraiment qui étaient Uday Hussein (un psychopathe, assurément) et les membres de son entourage, au fond. Il y a tout juste quelques images de lui sur YouTube, où il apparaît menaçant, et bien plus grand que moi… Mais rien de plus. Alors on est parti de zéro ou presque, en ayant le double souci de faire quelque chose de divertissant et d’interpellant.

Jouer Uday Hussein ne doit pas être aisé…

Il y a toutes ses horreurs, ses crimes, ses haines, son absence totale de limites. Pas évident, en effet, d’autant que je ne pourrais pas jouer quelqu’un que je méprise. Alors j’ai cherché des explications, qui sont assez classiques au fond: combien de fils de dictateurs ne sont-ils pas tombés dans les excès de toutes sortes par manque d’attention, par difficulté à s’affirmer dans l’ombre des figures de pouvoir écrasantes qu’étaient leurs pères? Ceci dit, le personnage tel que je le joue n’a guère besoin d’être nourri psychologiquement. Je l’ai joué en mettant l’accent sur les aspects physiques. C’est devenu presqu’une figure de dessin animé…

Difficile de passer d’un personnage à l’autre, du tyran à son double?

Sportif, en tout cas! D’autant qu’il fallait le faire tout le temps. Je me suis aidé en prenant des voix très différentes, et surtout des repères physiques très contrastés: le jeune soldat a un corps entraîné, une attitude stoïque, plus concentrée, alors qu’Uday n’a presqu’aucun contrôle sur son corps, il ne sait pas vraiment qui il est. Avec lui, je savais qu’il me fallait aller aussi loin que possible, sans retenue. Ce qui n’était possible qu’en ayant une confiance totale en Lee Tamahori, le réalisateur, notamment en sa maîtrise du montage. Car selon l’endroit où vous coupez, le personnage d’Uday peut être terrifiant ou verser dans le ridicule. Mais c’est le rôle du double qui était le plus complexe: jouer un homme qui, sans être du tout un acteur, doit imiter le mieux possible un homme qu’il hait, et cela dans un contexte de vie et de mort… l

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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