Le travail m’a tué

Le XXe siècle a été, pour le monde du travail, celui du combat ouvrier. Si au tournant du millénaire, les licenciements de masse n’allaient épargner personne, c’était au tour du cadre moyen d’en prendre plein la gueule, une nouvelle culture d’entreprise faisant son apparition, induite par l’actionnariat. Fils d’immigré espagnol ayant réussi à faire des études d’ingénieur automobile, Carlos entre chez un constructeur français. Il se fait un nom mais ne gravit pas les échelons; ce qui le branche, c’est le travail en équipe, à proximité des ateliers pour avoir un retour immédiat sur ses créations. Au fil des années, des restructurations et des délocalisations, le contact humain s’étiole au profit des « plannings », des « targets » de plus en plus ambitieux. De jeunes loups ont pris la place des directeurs paternalistes dont les objectifs ne se résument plus qu’à satisfaire l’actionnaire qui aimerait beaucoup s’acheter sa 17e piscine. La cadence devient infernale, et la vie familiale de Carlos inexistante. Il souffre d’insomnies, est irritable avec ses proches. Sa conception éthique du monde du travail est très fortement ébranlée. Il perd pied et finit par commettre l’irréparable. Adapté de l’essai éponyme d’Hubert Prolongeau, cette BD glaçante s’inspire de faits réels tristement actuels.

D’Arnaud Delalande, Grégory Mardon et Hubert Prolongeau, éditions Futuropolis, 120 pages.

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