Le Réveil de la bête

Le réalisme a une vertu au moins égale à son plus grand vice: rendre crédibles et donc glaçantes les pures fictions, sans romanesque. Un thriller de ce type peut par contre vite vous tomber des mains. Le nouveau venu Jacques Moulins tangue ainsi entre vice et vertu avec ce premier thriller au moins original, puisqu’il nous plonge dans les arcanes de la direction anti-terroriste d’Europol, et dans une enquête aux ramifications (très) complexes qui va lever le voile sur un vaste complot de l’ultra-droite européenne. Lequel va se jouer entre Belleville, Berlin, Dresde et La Haye, mais aussi et surtout sur le Net, entre réseaux sociaux, vols de données et campagnes de fake news. Un récit précis, documenté et donc terriblement crédible, mené pour l’essentiel par le commandant Deniz Salvère, qui  » intériorisait ses réactions et se faisait un devoir, conforme à sa caste de haut fonctionnaire européen, de ne laisser paraître aucune émotion dans un poste qui n’en demandait pas. Il suffisait de déployer une connaissance parfaite des procédures et un usage opérationnel de la raison« . C’est effectivement suffisant pour (commencer à) démanteler un réseau de néo-fascistes, ça l’est peut-être un peu moins pour rendre le tout complètement passionnant.

De Jacques Moulins, éditions Gallimard/Série Noire, 384 pages.

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