Le Rêve du chien sauvage

C’est l’histoire d’un animal dont le nom synthétise toutes les peurs entourant l’idée de sauvagerie: le dingo. En Australie, ce cousin redevenu sauvage du chien domestique est craint comme la peste par les éleveurs et les fermiers -qui les accusent de décimer leurs troupeaux, voire de s’attaquer à leurs enfants. Depuis la fin du XIXe siècle, les moyens de lutte les plus radicaux ont été déployés pour en venir à bout, ou du moins les contenir: chasses, empoisonnements et, surtout, l’immense barrière de 5 200 kilo- mètres de long, nommée Dingo Fence, que l’État entretient avec un soin jaloux dans tout le sud-est du pays. Et si cet acharnement n’était rien d’autre que la marque d’une grande bêtise? Telle est la question que pose l’anthropologue australienne Deborah Bird Rose, décédée en 2014, dans Le Rêve du chien sauvage -une méditation sur ce qu’implique le fait de se mettre à l’écoute de ce qui nous effraie. Voyageant dans les grandes étendues désertiques du centre de l’île, où les peuplades aborigènes ont appris de longue date à cohabiter avec les dingos, voire à les faire participer à leur propre vie, elle redécouvre les secrets d’une émotion trop souvent attachée aux seuls humains: l’amour. Et si l’amour était quelque chose qui se distribuait autour de nous, malgré nous -au lieu de n’être qu’une émotion qui nous appartiendrait en propre? Serions-nous capables d’aimer comme un dingo?

De Deborah Bird Rose, éditions Les Empêcheurs de penser en rond, traduit de l’anglais (Australie) par Fleur Courtois- L’Heureux, 224 pages.

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