C’est l’un des pionniers. Avec ses projets Motorbass, puis Superdiscount, tous les deux drivés avec son camarade Philippe Zdar, Etienne de Crécy a posé les fondements de la fameuse French Touch, première génération. Juste avant Daft Punk donc, et des lunes avant la variante Ed Banger-Justice. C’était en 96. Quinze ans plus tard, le bonhomme répond toujours présent. Récemment, il sortait d’ailleurs My Contribution To The Global Warming, anthologie de 5 CD, résumé de 20 ans de carrière. Entretien.

L’anthologie combine des morceaux issus d’albums, d’autres simplement sortis en maxis. Finalement, quel est le bon format?

Aujourd’hui c’est le single. Mais pas que pour moi. Pour tout le monde. En dance, cela a toujours été comme ça. Cela étant dit, si je peux revendiquer une modeste contribution à cet univers-là, c’est grâce à Motorbass qui a été un des premiers projets technos à présenter un album. Je me souviens qu’à l’époque, c’était un truc dingue. On trouvait ça trop original! Au bout du compte, même dans la techno, l’album est devenu important.

Aujourd’hui pourtant, vous n’en sortez plus…

En fait, j’ai laissé tomber le format disque tout court. Je me suis mis au format concert depuis quatre ans. C’est un peu tombé comme ça: un show a bien marché, du coup j’ai sorti des maxis pour accompagner la scène, plutôt que l’inverse. Dans l’industrie du disque, c’est la crise, tout le monde tire la tête. Du coup, je préfère dédier mon énergie au live ou à un set DJ.

Vous cultivez une certaine discrétion, non?

Au départ, ce qui m’a fait adhérer à la techno, c’était l’anonymat, les mecs masqués, Underground Resistance, tout ça… L’idée que l’artiste n’est pas important, que c’est la musique qui doit être mise en avant. C’était un beau concept. Mais après, il faut bien constater que cette démarche ne fonctionne pas. Même moi, en tant que public, j’ai besoin d’incarner la musique dans des personnalités. A un moment, vous êtes obligé de donner quelque chose. Daft Punk a mis des casques, par exemple. Mais il y a quand même une présence.

Et vous personnellement, vous vous y prenez comment?

Ah mais pour moi, ces idéaux d’anonymat de départ valent toujours ( rires). Je sais que c’est vain, que c’est un cul-de-sac commercial, mais cela reste ma démarche, celle qui me correspond le mieux… Ce n’est pas que je refuse de jouer le jeu. Le fait est que certains sont très forts pour avoir le bon look, la bonne attitude. Moi c’est pas mon truc. La techno m’a intéressé parce que c’était justement une musique où il y avait moyen de ne pas être au centre. Le truc de rock star ne m’a jamais intéressé. Avec Tempovision ( 1er album sous son nom sorti en 2000, ndlr), j’ai eu accès au mainstream. Et en fait, cela m’a fait profondément chier. Il y avait une pression qui n’était pas agréable du tout. Il fallait « absolument » rentrer sur Skyrock. Et puis vous écoutez cette radio, et y a que de la merde! Quel intérêt?! Je ne veux pas que mes morceaux passent là-dessus! J’ai adoré la techno parce qu’elle avait un côté contestataire. Et tout d’un coup, c’est devenu populaire… Le jour où j’ai pu m’affranchir de tout ce cirque, cela a été une libération.

C’est compliqué de tenir dans un genre où les styles défilent, où la production est pléthorique?

C’est le seul intérêt de cette musique: sa nouveauté, le fait qu’un morceau ne dure pas longtemps. C’est ça que j’adore. La musique est faite pour être consommée immédiatement, il n’y a pas de lourdeur.

Mais vous sortez une anthologie, c’est paradoxal…

C’est vrai ( rires)! Le fait est que j’avais plein d’inédits qui traînaient, que j’avais envie de lâcher. Mais je ne me voyais pas les sortir comme des maxis. Justement pour cette raison d’immédiateté. Finalement, les 20 ans ont servi de bon prétexte pour emballer tout ça et envoyer tout le paquet. Je pouvais me le permettre, donc autant y aller. Au final, je suis assez fier en fait.

ETIENNE DE CRÉCY, MY CONTRIBUTION TO THE GLOBAL WARMING, DISTRIBUÉ PAR PIAS. LE 18/07, AUX 10 DAYS OFF.

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