Le Réalisme capitaliste. N’y a-t-il aucune alternative?

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Le 13 janvier 2017, Mark Fisher se suicidait à l’âge de 48 ans -après s’être longtemps débattu avec une dépression dont il n’avait pas hésité à faire la matière de certains de ses écrits. Il laissait derrière lui un héritage intellectuel puissant, qui en avait fait la tête de proue d’un grand bouleversement de l’attitude anglo-saxonne envers la pensée. Là où les générations précédentes, pétrifiées par la grandeur de la French Theory (Derrida, Deleuze, Barthes et consorts), s’étaient contentés de jouer le rôle d’exégètes un peu précieux, Fisher, par son blog longtemps incontournable, écrit sous le nom de k-punk, autant que par ses livres, avait redonné à de nombreux jeunes loups le goût de l’aventure, de l’expérimentation -et de l’écriture libérée des contraintes du joli. Le Réalisme capitaliste, son premier ouvrage publié en 2009, était le manifeste de cette nouvelle approche: une brochure sèche, nerveuse, sans concession, balançant de manière virevoltante ses scuds conceptuels entre deux dissections de disques électro, de blockbusters, de séries télé ou de théorèmes de Jacques Lacan. À le lire, c’était à la fois un nouveau style de pensée qu’il était possible de découvrir -et une description brutale de la manière dont le capitalisme contemporain s’est arrogé le monopole de la définition de la réalité. On aurait dit un réveil posé sur la table de nuit de notre conscience: une fois qu’il avait sonné, il était impossible de regarder le monde de la même façon. Certes, les puissances sombres qui y règnent ont fini par faire baisser les bras à Fisher, mais ses écrits restent. Grâces soient donc rendues aux éditions Entremonde de mettre enfin à disposition en français ce petit brûlot -un des rares vrais chefs-d’oeuvre de la pensée du début du XXIe siècle.

de Mark Fisher, Éditions Entremonde, traduit de l’anglais par Julien Guazzini, 96 pages.

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