Le Procès du cochon

Dans un village et un temps reculés, un cochon croque la joue et l’épaule d’un bébé laissé quelques instants sans surveillance. Traqué, il est jeté sur la scène du tribunal où toute la société attend de comparaître pour accuser la bête.  » N’ayant pas l’air de vouloir se faire comprendre, le suspect ne s’est pas défendu. Il n’a pas avoué le crime non plus. » Une truie infanticide, un cheval obscène, des sauterelles saccageant les récoltes: du XIIe au XVIIIe siècle, en Europe, les hommes jugeaient des animaux.  » Il suffit parfois de dire quelque chose très haut pour que son public y adhère. » Oscar Coop-Phane ne hausse pas la voix. Dans un texte court et affûté, il découpe avec précision le théâtre de l’absurde et de la cruauté. Gendarmes, médecin légiste, directeur de prison, avocat, juge et bourreau défilent à la barre… Douleur, foudres, supplice,  » La cour n’est pas plus clémente avec les affaiblis qu’avec les confiants ». Interrogeant la symbolique des souffrances, sondant les ténèbres à hauteur d’homme, Coop-Phane laisse à son lecteur le soin de reconnaître le mammifère omnivore qu’il voudra.  » On ne sait jamais ce qui peut arriver, des glaviots ou des pierres, des coups de revolver ou des mouvements de masse. » Balance ton porc. Y en a un peu plus, j’vous l’mets quand même?

D’Oscar Coop-Phane, éditions Grasset, 128 pages.

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