Le plan de vol a changé

En ces temps de transports aériens limités, le recueil de nouvelles d’Olivier Coutier-Delgosha tombe à pic: des décollages au nombre de vingt, d’une dizaine de pages, qui décrivent des scènes d’attente, de séparations à la Brel dans les aéroports, voire de peur phobique de l’avion. Sauf qu’ici, entre étrangeté, quiproquos et oublis, ce sont l’ironie du hasard et l’inattendu qui dominent. Du récit de l’embarquement en famille par un enfant de dix ans au crash prévu par la mort qui finit sans victime sur les eaux de l’Hudson, en passant par l’échappée trop belle d’une apprentie malfrat tentant de se faire la malle avec des liasses de billets, chaque fois, l’embarquement est immédiat. En pilote chevronné, ce professeur d’université, chercheur en mécanique des fluides, réussit invariablement ces envols vers l’inconnu. À l’image d’un gros porteur, son style roule d’abord au pas, prend de la vitesse, semble se ramasser sur lui-même pour ensuite décoller. Et l’on voit l’histoire s’élever dans un ciel immense des possibles. L’auteur change systématiquement de point de vue, surprenant ses passagers par des loopings inattendus, des vols sur l’aile, sans jamais perdre le contrôle, et toujours évite… le crash.

D’Olivier Coutier-Delgosha, éditions Quadrature, 158 pages.

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