BULGARIAN VOICES-ANGELITE S’EST D’ABORD FAIT CONNAÎTRE COMME LE MYSTÈRE DES VOIX BULGARES: UNE HISTOIRE ÉLECTRIQUE ENTRE GRAMMYS ET COMMUNISME.

27 février 1995, Sofia, Bulgarie. Dans une salle au glamour stalinien, une vingtaine de femmes chantent: des anges montent du ch£ur au plafond et n’en redescendent plus. Voix exceptionnelles, intensité, dextérité. Les polyphonies alpinistes des Bulgarian Voices racontent de vieilles histoires montagneuses, les filles amoureuses, la campagne épanouie, dans un mur du son que Phil Spector, né orthodoxe bulgare plutôt que juif du Bronx, aurait adoré construire. La musique est brillante au-delà des genres. La bio du groupe suit l’histoire du communisme: début des années 50, un ensemble féminin est chaperonné par l’Etat bulgare au titre de propagande culturelle. Dans les 70’s, Marcel Cellier, ethnomusicologue suisse qui a beaucoup bourlingué à l’est, publie une compilation de différentes formations sous le titre Le Mystère des Voix Bulgares. Quand le disque ressort au c£ur des années 80, le marché international s’enflamme et la musique pollinise d’innombrables BO de films et d’émissions TV, Cellier décrochant en 1990 un Grammy Award. Gros succès public: la mode, comme le yaourt, est bulgare. Chute du Mur de Berlin: le régime de Sofia s’effondre et le ch£ur officiel de la Radio-TV éclate en 2 ensembles, dont le ch£ur privé qui nous concerne. Celui-ci reprend l’appellation Le Mystère des Voix Bulgares mais le nom est abandonné en 1992 au profit de Bulgarian Voices-Angelite pour des raisons légales. Alors, c’est vrai, aujourd’hui, la mode est passée, tout comme les 2 nominations aux Grammys décrochées au début des années 90, mais la musique reste d’une densité et d’une émotivité folles. Toujours hypnotique, toujours spirituelle, reprenant des compositions sans âge. Le mot de la fin est laissé à Tanja Andreeva, manageuse de l’ensemble depuis ses débuts:  » De 1992 à 2002, les chanteuses du ch£ur ont été employées à plein temps: on a beaucoup tourné en Europe et en Amérique du Nord (…). Les dernières années ont été dures, inutile de parler de la situation économique (…), c’est bien que les chanteuses soient musicalement éduquées, la plupart enseignent dans les écoles de Sofia. J’espère qu’une nouvelle génération découvrira la magie de la musique vocale bulgare et sera fascinée de la même façon que l’a été la génération de leurs parents ». l

PH.C.

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