Le monde n’existe pas

Un bon Américain au parcours exemplaire se révèle le meurtrier d’une belle jeune fille à l’innocence saccagée. Un journaliste au New Yorker l’ayant côtoyé adolescent doute et enquête sur le fugitif désigné par une nation entière. « Qu’avait-il fait? Comment avait-il pu devenir cet homme-là? » Sondant la machine médiatique échevelée, le narrateur sent rapidement la réalité vaciller sous ses pieds… Le lecteur n’est pas en reste tant le roman semble lui échapper. Travaillant l’idée du faux, les figures de l’illusion, la puissance de la rumeur, Fabrice Humbert ( L’Origine de la violence, Éden Utopie) n’a de cesse de clamer: « La réalité est une fiction. La réalité est une fiction. » Pas sûr que ça aide son récit, lequel semble patiner, empêtré dans quelques ornières. Il n’a ni l’efficacité romanesque ébouriffante de la trilogie d’Antoine Bello sur le faux mondialisé ( Les Falsificateurs, Les Éclaireurs, Les Producteurs), ni la rigueur de l’enquête signée David Samuels retraçant le parcours de l’affabulateur récidiviste James Hogue ( Mentir à perdre haleine). Convoquant plusieurs figures tutélaires -Orson Welles, Bernstein et Woodward (du Watergate), ou encore Edward R. Murrow- la pilule rouge de Matrix a du mal à passer. Le puzzle sur l’altération des limites entre mensonge et vérité semble incomplet.

De Fabrice Humbert, éditions Gallimard, 256 pages.

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