Le Labo

La Californie n’a pas l’exclusivité de la Silicon Valley: il y en avait même une en Charente au milieu des années 70. À cette époque, l’entreprise Bercop, spécialisée dans les photocopieuses, est le leader du marché européen. Cela permet au patriarche de confier à son fils Jean-Louis les rênes d’un labo expérimental de recherche en micro-informatique. Nourri par d’obscures publications venant des États-Unis qu’il compulse tout en ingurgitant du fromage de chèvre et en fumant des cigarettes qui font rigoler, Jean-Louis a des visions d’avenir. Ses délires enfumés sont peuplés d’ordinateurs miniatures, mis en réseau et baptisés Ordi Sympa (« que même une femme pourrait utiliser »), de commandes filaires nommées Musaraigne et de téléphones « transportables » qu’on appellerait « Vidéo télex mobile ». Mais la France, à cette époque, n’est pas prête à faire le grand saut dans le futur et préfère donner la priorité au… Minitel. Maintenant le doute sur la véracité de cette histoire, Bourhis nous la raconte en tout cas à sa sauce. Féru de pop culture, le scénariste en rajoute des tonnes pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques. Il mixe habilement les ambiances franchouillardes et californiennes, à coup de moustaches et de réunions Tupperware, qui télescopent le réel et le fantasmé, accouchant d’une géniale histoire rétro-futuriste. Car non content d’inventer l’avenir, Jean-Louis révolutionne la culture d’entreprise en y introduisant la relaxation et la course à pied. En revanche, il n’écoute pas sa petite soeur qui pense que le jeu vidéo est l’avenir de l’ordinateur. Il ne faudrait pas non plus exagérer, elle ferait mieux d’être infirmière, celle-là. Bref, un pied dans le futur des technologies, mais pas dans celui des moeurs.

Le Labo

De Hervé Bourhis et Luca Varela, Éditions Dargaud, 112 pages.

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