Le Gardien des choses perdues

DE RUTH HOGAN, ÉDITIONS ACTES SUD, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR CHRISTINE LE BoeUF, 352 PAGES.

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Du suspense, deux récits qui se font écho, des personnages dignes, au-delà des mesquineries vulgaires, une ambiance très british avec ses bouquets de fleurs aux tons pastel, ses napperons et ses cottages. Dans le premier récit contemporain, Laura, jeune femme au sortir d’un mariage malheureux, se fait engager comme dame de compagnie par un écrivain autrefois célébré. Cet homme solitaire ne parvient pas à faire le deuil de sa fiancée décédée 40 ans auparavant, une semaine avant leur mariage. En effet, il n’a pu respecter la seule promesse qu’il lui avait faite, celle de conserver son médaillon. Et c’est de là que lui vient cette manie de collectionner toutes choses perdues qu’il ramasse sur son chemin. Laura et Anthony entretiennent une relation de respect et d’amitié indéfectible. L’autre récit, évolutif, débute en 1974, avec Eunice, jeune femme passionnée de cinéma qui deviendra, elle aussi, dame de compagnie d’un éditeur affable et marginal. Toutes deux accompagneront « leur maître-ami » jusqu’à la mort. Mais là où l’histoire aurait pu sombrer dans la mièvrerie et la banalité, Ruth Hogan nous propose un récit savoureux et poétique. Comment ne pas succomber au magnétisme de Sunshine, jeune fille trisomique dont l’univers décalé permet de comprendre certains phénomènes paranormaux? Comment ne pas sourire aux nombreuses répliques cinématographiques que se lancent Eunice et Bomber? Comment ne pas apprécier la mise en abyme des histoires folles de ces objets trouvés? Mélange de fantaisie, de parfum désuet, d’amours contrariées, le roman de Ruth Hogan est un premier roman optimiste qui fait du bien.

M-D.R.

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