Le Gang de la clef à molette

Si vous pensez que le nature writing ne produit que des ouvrages contemplatifs et compassés, précipitez-vous sur Le Gang de la clef à molette, la plus explosive -et drôle- des fables écologistes. Edward Abbey (1927-1989), ranger dans plusieurs parcs naturels de l’Utah dans le civil, y décrit une bande d’allumés prêts à tout pour contrecarrer des projets de barrages bétonnés dans l’Ouest américain. Ces joyeux activistes sont menés par George Washington Hayduke, un ancien du Viêtnam qui écluse les bières à la chaîne, secondé par un mormon polygame, un chirurgien chauve et sa très pulpeuse maîtresse. En sabotant nuitamment le chantier, ils mettent pacifiquement en échec l’avancée de la civilisation industrielle. Le tout écrit avec une maestria très seventies. L’allégresse militante d’Abbey est hautement communicative. Une synthèse détonante entre le placide Henry David Thoreau et le gonzo Hunter S. Thompson. Publié pour la première fois en 1975, l’ouvrage est tout de suite devenu culte. Le mouvement écologiste radical Earth First! naît dans la foulée, des écrivains comme Jim Harrison, Thomas McGuane ou Rick Bass en font leur livre de chevet. Ici, le dessinateur underground Crumb l’illustre et Robert Redford en signe la préface. Les romans militants peuvent être tristes comme la pluie. Pas celui-ci.

D’Edward Abbey, illustrations de Crumb, éditions Gallmeister, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos, 552 pages.

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