Le DIY de Why The Eye?

Ils ne se connaissent pas. Pas encore. Mais ils partagent quelques marottes: Ferdinand Cheval, l’art outsider, les instruments fabriqués et les concerts masqués. Damien Magnette (Wild Classical Music Ensemble, Facteur Cheval, Zoft…) est un peu le cousin belge des Snapped Ankles. Magnette est l’un des membres de Why The Eye?, projet cinglé de trance technoïde expé entre autres passé par Dour l’an dernier. Radiocaphone bricolé avec des oscillateurs maison et des walkmen, drumkit où de petites boîtes remplies de graines remplacent les caisses claires ou encore lamellophones amplifiés… Africain, dansant, tribal, Why The Eye? exploite les instruments de DjP, musicien spécialisé depuis plus de dix ans dans la fabrication de sources sonores. « On n’a jamais parlé du type de musique qu’on cherchait à créer, retrace Damien. Au départ, on voulait surtout travailler avec ses instruments. DjP en fabrique depuis longtemps mais il jouait peu et ils étaient trop souvent sous-exploités à notre goût. Ce sont eux qui ont guidé le genre de musique que nous pratiquons. » Damien aussi aime bricoler ses outils. Ce qu’il avait notamment fait pour faciliter un peu la tâche des handicapés mentaux l’entourant au sein du Wild Classical Music Ensemble. Quand on sait que John Maus a fabriqué lui-même les claviers de son Screen Memories, on se dit que l’artisanat mélomane est tendance… « Il a toujours existé mais on le voit plus qu’avant et je constate l’intérêt grandissant des gens. Peut-être est-ce dû à une certaine forme de lassitude sonore? Les années 90 et surtout 2000 ont été l’ère de l’électronique et des ordinateurs. C’était la classe de faire de la musique sur un laptop avec la petite pomme éclairée au milieu. Il y a sans doute aujourd’hui dans ce phénomène une réaction à la musique et aux sons formatés. »

Comme les Snapped Ankles, les Why The Eye?  avancent masqués.
Comme les Snapped Ankles, les Why The Eye? avancent masqués.

Comme les Snapped Ankles, les Why The Eye? -qui ont enregistré leur premier album aux Ateliers Claus- avancent masqués. Ils sont des habitués du Carnaval sauvage, un événement alternatif bruxellois qui retourne aux sources des célébrations rituelles tout en critiquant les pressions politiques et financières et la spéculation immobilière qui pèsent sur la ville. « Le carnaval sauvage est assez engagé. C’est une espèce de retour à quelque chose de profond. Déjà, il n’y a pas de public. Si tu veux venir, tu te déguises… On devait y donner notre premier concert. Ça ne s’est pas fait mais on a maintenu l’idée de se planquer derrière des masques et sous des peaux de bête. Sur scène, en musique, ça change vraiment ton comportement et ton rapport au public.Les costumes sont inspirés par des traditions du monde entier et fabriqués avec plein d’objets de récup.« Chez Why The Eye?, qui a aussi sa propre bière, la démarche est moins écolo que Do It Yourself… Pas un hasard si le nom du projet est l’anagramme approximative de DIY.

Le DIY de Why The Eye?

J.B.

Le 15/02 au Brass (Bruxelles).

Why The Eye?, distribué par Plynt Records/Angström Records.

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