Le bon gros géant… Spielberg

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« Tout me faisait peur quand j’étais enfant. Tout. Il y avait un arbre devant ma fenêtre, c’était effrayant. Absolument effrayant. J’avais tellement de frayeurs que je devais les exorciser… Et quel meilleur public que mes trois soeurs pour chasser mes démons? » Le sourire du souvenir au coin des lèvres, Steven Spielberg raconte ses jeunes exploits. Avant de signer le premier blockbuster de l’histoire du cinéma et de terroriser tous les adeptes de la baignade en mer, le roi du divertissement terrifiait ses frangines à la maison:  » Il nous enfermait dans le placard avec un crâne sur lequel il avait fait couler de la cire colorée, comme du sang,  » raconte l’une d’entre elles. « Je leur bandais les yeux une par une et je les faisais entrer dans l’armoire. Puis, je bloquais la porte. Elles retiraient leurs bandeaux et je restais là à les écouter hurler. » On enverrait ses gosses chez le psy pour moins que ça mais le petit Steven a bien tourné… Autodidacte, enfant de la caméra (dès douze ans, il tournait des westerns et des films de guerre avec la 8mm de papa), Spielberg fut le plus jeune réalisateur sous contrat. À 20 ans, le gamin surdoué travaillait pour la télé. Il dirigeait Joan Crawford, filmait le premier Columbo et, cinq ans plus tard, Duel sous le bras, tenait déjà tête aux studios. Documentaire passionnant, riche et fameusement étayé de Susan Lacy ( American Masters), Spielberg raconte en long, en large et un peu de travers l’un des réalisateurs les plus précoces et populaires de l’histoire. La sienne, invraisemblable, est celle d’un mec qui avec ses potes (Scorsese, Lucas, Coppola, De Palma) a révolutionné et dominé l’industrie du cinéma. Ils sont tous là, à commencer par Steven, sa famille, ses incroyables parents, pour retracer l’impressionnant parcours. Il faut les entendre raconter Les Dents de la mer, sa carte d’accès pour la liberté, le premier film hollywoodien tourné dans l’océan (un calvaire) et les emmerdes avec les requins mécanisés. Film par film, rythmé par les interviews de Tom Hanks, Drew Barrymore, Leonardo Di Caprio, Harrison Ford, Daniel Craig, Liam Neeson, Ralph Fiennes, Ben Kingsley ou encore Tom Cruise, Lacy dresse le portrait d’un homme au sens de l’image ultra aiguisé qui a réussi à faire du cinéma de qualité pour les masses. Entre le tournage douloureux de La Liste de Schindler, Jurassic Park et le cinéma digital, la création de DreamWorks et la première scène d’ Il faut sauver le soldat Ryan, la réalisatrice aborde gentiment son côté commercial et sentimental. Un docu long (2h30) qui semble bien trop court…

Documentaire de Susan Lacy.

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