Laissez bronzer les cadavres

Après avoir rendu un hommage appuyé au giallo cher à Mario Bava et Dario Argento dans les très plastiques Amer et L’Étrange Couleur des larmes de ton corps, le tandem franco-belge de réalisateurs fétichistes Cattet et Forzani ouvre son art formaliste au grand air corse en adaptant un roman de la Série noire signé Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid. Avec sa trame éternelle de truands torves et de planque tout sauf tranquille revisitée à la sauce bolo du western italien, Laissez bronzer les cadavres montre hélas très vite les limites de leur désir systématique de faire du cinéma « à la manière de ». Soit, en l’occurrence, du Sergio Leone sous perfusion narrative à la Tarantino. Le problème est relativement simple à identifier: les références d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, largement aussi écrasantes que le soleil de plomb qui inonde le film de sa lumière, restent toujours dix fois plus intéressantes que ce qu’ils en font. Bourré de tics de mise en scène et de rimes visuelles faciles -la couleur jaune, par exemple, qui circule de la pisse à l’or en passant par le soleil donc-, l’exercice de style tourne à vide, et le travail ostentatoire sur le son -grotesque, cartoon, constamment amplifié- fatigue. À chaque plan son idée outrancière, sans doute pour camoufler la vaine nécessité d’un objet qui est dans l’hyperconscience de soi et dont l’esthétique lorgne en outre dangereusement celle des clips vidéo, voire du clinquant publicitaire. En bonus de cette édition Blu-ray joliment coffrée: une ribambelle d’interviews et deux courts métrages.

Laissez bronzer les cadavres

D’Hélène Cattet et Bruno Forzani. Avec Elina Löwensohn, Stéphane Ferrara, Bernie Bonvoisin. 1 h 31. Dist: Coming Soon.

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