La vie automatique

DE CHRISTIAN OSTER, EDITIONS DE L’OLIVIER, 144 PAGES.

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Acteur de série B, bientôt la soixantaine mais pas de gueule, Jean Enguerrand aspire à disparaître. Oubliant d’éteindre le feu sous une casserole, il abandonne sa maison aux flammes. Empoignant une valise, il enjambe la fenêtre et prend congé. « Le monde peut exploser. Il explosait. » Après quelques nuits à l’hôtel, Jean partage un taxi avec France Rivière, une actrice encore célèbre, qui lui propose de s’installer chez elle. Il y fait la connaissance de son fils Charles, fraîchement sorti de l’hôpital psychiatrique, ainsi que de Cyrus, majordome zélé et énigmatique. Prenant refuge dans la fiction, la vie elle-même devient une toile de fond, une estampe japonaise où Jean -qui se présente parfois sous le prénom de Serge- cherche un rôle à sa mesure pour le moment présent.Spectateur interdit du script incongru de la journée, le héros Osterien quitte « toutes les vies à l’exception de la sienne, qui ne regarde plus personne ». Qu’il ait un cadavre ou une valise sur les bras, il file la journée sans souci de la remplir, préférant attendre que les choses se précisent. Le quotidien se révèle alors avec une puissance d’évocation nouvelle: le temps y passe moins qu’il ne stagne, arrêté dans une sorte d’au-delà. En route vers nulle part, on se sentirait presque bien. « Quitte à m’intéresser à ce qui se passait, toutefois, j’en suis revenu à moi. » Bousculant la structure de ce qui de toute façon se déroule, La Vie automatique est un bon cru dans lequel le lecteur flâneur pourra à loisir s’engouffrer, goûter les traits d’humour désenchanté et long en bouche, avec même un petit goût de trop peu.

F.DE.

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