La Verticale du cri

« Maintenant que les écailles de mes yeux commençaient à tomber. (…) Mon être entier de paillasson aspirait à la quiétude. » Envoyé par son père chez les Pygmées de la forêt camerounaise, un professeur de philosophie rencontre une grande guérisseuse, Tala,  » celle qui a les yeux ouverts« . Bousculant ses certitudes, le poussant dans ses retranchements, la pensée de Tala invite le professeur à renoncer à toute tentative d’interprétation des choses pour se contenter de voir la nature telle qu’elle est donnée. Aux travers de rites d’initiation, il s’ouvre au sens du mot « bienveillance », suspend le bruit de la raison et change son rapport aux élèves:  » M’sieur, vous n’êtes plus le même… » Dans un récit harmonieux qu’une paix envahit, le souffle poétique de Gaston-Paul Effa ( Haute enfance) entre en résonance avec les paroles magiques de la féticheuse. Au coeur d’un livre qui rassemble bat le génie de la transmission: le rite entre l’enseignant et l’élève, le souvenir du combat d’un père contre la maladie. Lire, c’est se lire. C’est une moisson de gestes justes à l’opposé de nos vies hyperconnectées emplies d’un vide fondamental. « Un être humain est comme une calebasse qui n’est pas cassée, à laquelle il ne manque rien. Lorsque la calebasse est complète, elle ressemble à un homme, une femme en paix. »

De Gaston-Paul Effa, éditions Gallimard/Continents Noirs, 176 pages.

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