SANS LES RÉINVENTER, LE DERNIER BOND MALAXE AVEC UN CERTAIN STYLE LES CODES ET MOTIFS EMBLÉMATIQUES DE LA PLUS LONGUE SAGA JAMAIS PRODUITE AU CINÉMA.

Spectre

DE SAM MENDES. AVEC DANIEL CRAIG, LÉA SEYDOUX, MONICA BELLUCCI. 2 H 28. DIST: FOX.

7

A côté d’une poignée de courts blogs vidéo à l’intérêt fort relatif, le seul véritable supplément Blu-ray, solide malgré l’irritant paternalisme des Anglo-Saxons à l’égard de leurs collaborateurs mexicains, se concentre à juste titre sur l’impressionnante séquence -la « plus grande » de l’histoire de la franchise- d’ouverture de Spectre (cascades, figurants, accessoires, costumes…), immersion virtuose dans les festivités du fameux Día de Muertos. « Ces dix premières minutes s’avèrent le seul moment où l’on possède le luxe de filmer les personnages de manière un tant soit peu ralentie« , précise le réalisateur Sam Mendes.

A leur suite, les choses s’emballent, en effet, Spectre s’inscrivant très vite dans la lignée directe de Skyfall, son très rentable prédécesseur (plus d’un milliard de dollars de recettes, contre un peu moins de 900 millions à ce jour pour le plus coûteux Spectre), dont il constitue à la fois la parfaite prolongation mais aussi une légère redite. Relevé de ses fonctions, James Bond y apparaît d’abord complètement dépassé. Quant au programme 00 du MI6, il est tout simplement taxé d’obsolescence, déclassé par les avancées techniques du tout sécuritaire britannique-ordinateurs, caméras, drones…

Fidèle à lui-même, l’agent secret, fragile « cerf-volant dansant dans un ouragan« , n’en prend pas moins la tangente pour mieux renaître. Et le film d’adopter dans son sillage la forme d’une traque de l’ombre dans un monde globalisé, de Londres à Tanger en passant par Altaussee et Rome, théâtre d’une course-poursuite nocturne assez folle. Eventail résolument touristique qui l’arrime à sa logique… spectrale, cette 24e aventure du matricule 007 sous bannière Eon Productions convoquant -parfois très superficiellement, il est vrai- plusieurs fantômes de l’histoire récente de la saga -le grand amour Vesper Lynd, la défunte M, les vilains Green, Silva ou Le Chiffre- tout en ressuscitant l’iconique Ernst Stavro Blofeld, indéboulonnable numéro un de la redoutable organisation criminelle qui donne son nom au film. Soit l’une des chouettes idées d’un épisode trop long, inégal, mais malin et mieux, même, très humain, qui oppose à la course folle du monde -« Tempus fugit« , assène plusieurs fois l’ami James- la grandeur des fêlures et faiblesses de l’homme, seul antidote possible aux vices cachés d’une technologie supposément infaillible à l’emprise orwellienne.

NICOLAS CLÉMENT

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