La Société des rêveurs involontaires

En épigraphe, une citation de Cioran donne le ton: « Le réel me donne de l’asthme. » Dans un pays totalitaire au bord de la destruction, la jeunesse se réveille éprise de liberté. Dans son sillage, quatre personnages se croisent en quête de hauteur. Le journaliste Daniel Benchimol rêve de gens qu’il ne connaît pas mais reconnaît dans la mémoire d’un appareil photo trouvé sur une plage. Celui-ci appartient à l’artiste Moira Fernandez, laquelle met en scène et photographie ses rêves. Simple coïncidence? Ancien guérillero au passé trouble, Hossi Kaley se promène dans les rêves des autres. Un don qui attise l’intérêt des militaires. Quant à Hélio de Castro, neuroscientifique, il les filme dans leur sommeil… « Dieu a fait les lions et Il a fait les gazelles pour que les lions les mangent. Dieu n’est pas démocratique. » À l’instar du cinéaste Apichatpong Weerasethakul invitant les spectateurs à fondre leurs rêves dans ses images, l’écrivain angolais José Eduardo Agualusa ( Théorie générale de l’oubli) emprunte une voix de mystère et de sensualité. « Lutter contre un rêve, c’est comme lutter contre le courant d’un fleuve. » Pour imaginer un pays meilleur, sur un rythme fluctuant, diffus, nimbé d’images poétiques et de paraboles, Agualusa invite à détisser l’univers et le temps. Un attrape-rêves onirique et politique pour une nuit debout.

De José Eduardo Agualusa, Éditions Métailié, traduit du portugais (Angola) par Danielle Schramm, 255 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content