LE LIVRE NUMÉRIQUE N’EN FINIT PAS DE GRIMPER, MAIS PEINE À ATTEINDRE LES HAUTEURS QU’ON LUI AVAIT PROMISES UN PEU VITE. ETAT DES LIEUX ÉCLATÉS.

Malgré des perspectives encourageantes, le chiffre, tombé au dernier Salon du livre de Paris, a de quoi refroidir: en France -un marché qui donne le ton de la francophonie et dont nous sommes directement tributaires-, l’eBook rame à atteindre 1 % des ventes éditoriales (soit 40 millions d’euros). Autant dire que, par les temps qui courent, le numérique est un panier percé pour les éditeurs français qui osent relever le pari… tout en lorgnant avec envie du côté des USA ou du Royaume-Uni, où ladite part est jusqu’à 10 fois plus importante. Un marché en néanmoins constante expansion qui, depuis quelque temps, a vu les géants du Net (Apple, Google, Amazon) entrer en concurrence avec les traditionnels acteurs du livre. Aux USA, Amazon a ainsi réussi à imposer l’eBook en fracassant sans nuance ses prix (best-sellers à 9,99 dollars). Une pratique que refusent catégoriquement les éditeurs de l’Hexagone, où les discussions vont toujours bon train autour de l’épineuse question de l’imposition d’un prix unique…

Prévisions

Selon les spécialistes français, l’eBook sautera la barre des 8 % en 2014 en VF (contre 14 % du marché américain à la même date). Pour ce faire, il faudra surtout travailler les blocages du côté de la demande (61 % des Français auraient déjà entendu parler des livres numériques… et seuls 8 % en auraient déjà lu un! (1)) et continuer à gonfler l’offre (environ 100 000 références en France, contre 800 000 titres aux USA, chez le seul leader Amazon). D’autant que, sur les questions techniques, les signaux sont plutôt positifs. Côté format -une question longtemps irrésolue-, la discussion semble s’être stabilisée autour de l’ePub (directement suivi du PDF, très couru), tandis que la démocratisation des liseuses (moins de 150 euros pour certaines) et la consécration de l’iPad ont tout pour booster le mouvement. Reste que, d’après Google AdMob, seuls 46 % des possesseurs de tablettes y liraient des livres, loin derrière la pratique des jeux vidéo (84 %), la lecture de la presse (61 %) ou les réseaux sociaux (56 %). A suivre, donc…

Où faire son marché?

Sans surprise, la grande majorité (76 %) des e-lecteurs se fournit sur Internet (contre magasins spécialisés et bibliothèques)(2). Une offre qui reste extrêmement éclatée. Du côté des sites gratuits (plébiscités par 57 % des lecteurs numériques internautes), on trouve les populaires Project Gutenberg (gutenberg.org), pour des £uvres tombées dans le domaine public en VO anglaise et française, Feedbooks (feedbooks.com), qui propose des milliers de classiques, ou encore Wikisource (wikisource.org), la plateforme eBooks participative. Du côté payant (fréquenté par 19 % du public internaute), on trouve ePagine (epagine.fr) qui présente, outre des dossiers thématiques et des coups de c£ur de libraire, un catalogue d’inédits numériques -dont des polars à 2,99 euros/pièce, Immatériel (librairie.immateriel.fr) qui héberge les catalogues Seuil, Gallimard, POL… ou encore Publie.net, coopérative numérique d’auteurs contemporains créée par l’écrivain François Bon, qui met en avant un abonnement de téléchargement annuel à volonté à 95 euros. l

(1) SELON L’ÉTUDE IPSOS/LIVRES HEBDO, 2011.

(2) IDEM.

TEXTE YSALINE PARISIS.

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